On the Money de Fonds Dynamique

Guide de l’investisseur sur les monnaies mondiales

3 juin

Eric Souders, gestionnaire de portefeuille et directeur chez Payden & Rygel Investment Management, se joint à Lloyd Perruzza, chef des comptes nationaux à Fonds Dynamique, pour discuter des changements sismiques qu’on observe présentement dans le monde des monnaies. Vous détenez des placements sensibles aux devises étrangères? Vous vous demandez quelle incidence les cours peuvent avoir sur vos finances quotidiennes? Cette conversation peut vous aider à comprendre la situation actuelle des différentes monnaies et comment elles pourraient évoluer.

PARTICIPANTS

Eric Souders
Gestionnaire de portefeuille et directeur chez Payden & Rygel Investment Management

Lloyd Perruzza
Chef des comptes nationaux

Annonceur : Vous écoutez On the Money, de Fonds Dynamique. Qu’il s’agisse d’observations sur les marchés, d’analyses, de finances personnelles, de placements ou d’autres sujets, On the Money couvre tous les aspects, car, lorsqu’il s’agit de votre argent, nous nous en occupons.

Lloyd Perruzza : Bienvenue dans ce nouvel épisode de On the Money. Je suis votre animateur, Lloyd Perruzza, chef, Comptes nationaux, vice-président, Actifs sous gestion et stratégie de titres à revenu fixe, Fonds Dynamique. Nous avons tous été témoins de la hausse spectaculaire des taux d’intérêt depuis février 2022, et nous observons maintenant des changements importants dans les monnaies mondiales en 2024. Que vous déteniez un placement en monnaies étrangères, que vous possédiez une résidence secondaire dans un autre pays ou que vous aidiez financièrement un étudiant à l’étranger, les monnaies évoluent en dents de scie partout dans le monde.

Ces fluctuations peuvent aussi vous toucher de façon plus pratique dans votre quotidien, qu’il s’agisse d’aliments importés, de l’essence raffinée aux États-Unis, de voitures japonaises ou d’appareils électroniques chinois. En tant que petite économie axée sur les exportations, la valeur des monnaies est probablement beaucoup plus importante pour les Canadiens que pour nos voisins du sud. À cet égard, nous ne pourrions pas être plus chanceux ici, à Fonds Dynamique, d’avoir un de ces voisins du sud qui se joint à nous aujourd’hui et qui peut nous aider à déterminer où les monnaies se situent et vers où elles pourraient se diriger.

Plus précisément, je suis accompagné aujourd’hui d’Eric Souders, gestionnaire de portefeuille et directeur à Payden & Rygel, l’un des gestionnaires d’obligations mondiales les plus réputés et les plus prestigieux du monde. Depuis des décennies, cette société gère avec succès des obligations mondiales et l’exposition aux devises pour le compte de certaines des organisations les plus avisées, comme la NFL, Apple, Facebook, Disney et bien d’autres.

Pour mettre les choses en contexte, elle gère actuellement des actifs de plus de 160 milliards de dollars américains, et non des dollars canadiens. Eric, en particulier, gère notre Fonds à revenu fixe mondial Dynamique et a géré avec succès des placements dans ce segment depuis plus de dix ans, ce qui en fait l’invité idéal pour nous aider à comprendre le monde des monnaies mondiales. Bienvenue, Eric.

Eric Souders : Merci, Lloyd. J’étais impatient de vous rencontrer.

Lloyd : Nous vous remercions d’avoir pris le temps de venir nous voir. Allons-y. Comme nous avons un auditoire diversifié d’investisseurs et de conseillers, commençons rapidement par comprendre pourquoi l’exposition aux devises est importante pour des investisseurs comme vous.

Eric : En ce qui concerne les devises, nous pensons à trois choses : l’étendue du marché, le profil de rendement et la gestion du risque. Ces trois aspects sont, selon nous, très importants pour la gestion des devises dans un contexte de placement. L’étendue du marché. Le marché des devises est en fait le marché le plus important et le plus liquide du monde, de sorte qu’il est systématiquement très important d’un point de vue mondial. Concernant les rendements, il y a deux ou trois choses très intéressantes selon moi. Les rendements des devises peuvent être très volatils. Dans certains cas, cette volatilité peut en fait être le facteur dominant en ce qui a trait au rendement de titres à revenu fixe traditionnels.

Par exemple, au cours des 15 dernières années, la volatilité du rendement total d’un indice universel représentatif des obligations mondiales, mesuré en dollars canadiens, et sans aucune couverture du risque de change, a été deux fois plus forte que celle du rendement total de ce même indice universel d’obligations entièrement couvert contre le risque de change. La volatilité des devises peut avoir une incidence importante sur les rendements.

Deuxièmement, Lloyd, le fait d’avoir des placements en devises ne signifie pas nécessairement que le portefeuille d’obligations mondiales présente un risque supplémentaire. Ce que j’entends par là, en particulier, c’est que, selon la monnaie de base de l’investisseur, les placements en devises peuvent en fait agir comme un facteur de diversification et réduire votre risque global. Je pense que, pour ce qui est du rendement, il s’agit simplement de comprendre que les devises peuvent être très volatiles, en particulier si elles ne sont pas couvertes, mais que certaines devises peuvent en fait offrir une source de diversification dans un contexte de rendement total. Nous verrons cela de plus près lorsque nous parcourrons le monde un peu plus tard.

Le dernier aspect que j’ai mentionné est la gestion du risque. Il est essentiel de comprendre les devises, leur interaction avec les obligations et la gestion des placements pour gérer un portefeuille d’obligations multidevises. Le principal outil est la couverture du risque de change par rapport à la monnaie de base. En ce qui a trait à la gestion de portefeuilles, notre principal objectif est de ramener le risque de change dans cette monnaie de base afin de réduire la volatilité injustifiée. Encore une fois, je pense que, du point de vue de la gestion du risque, les devises peuvent réduire la volatilité globale selon la façon dont vous les utilisez dans un portefeuille sur de longues périodes.

Lloyd : De toute évidence, pour que votre société obtienne des rendements supérieurs, il est important de prendre les bonnes décisions à l’égard des monnaies mondiales. Comment évaluez-vous les perspectives d’une devise?

Eric : Sous plusieurs aspects, un peu de la même façon que lorsque nous évaluons les marchés du crédit ou les marchés des taux d’intérêt. Nous réfléchissons à une variété de choses différentes lorsque nous évaluons une devise en particulier. Je pense que, pour nous, nous aurons toujours une vision et une approche macroéconomiques fondées sur les données fondamentales. C’est au cœur de ce que nous faisons. Il ne s’agit pas d’un modèle quantitatif. C’est fondé sur des données fondamentales.

Quelles sont les différences entre les marchés développés et les marchés émergents? S’agit-il d’une occasion à court terme que nous recherchons sur le marché des changes ou d’une occasion à long terme et plus stratégique? Lorsque nous évaluons une devise en particulier, nous nous penchons d’abord sur ses paramètres fondamentaux. Qu’est-ce qui détermine le rendement de la devise? Est-ce les différentiels de taux d’intérêt? Est-ce l’appétit pour le risque? Est-ce les produits de base? Est-ce les facteurs géopolitiques?

De nombreuses variables différentes peuvent évidemment influer sur une devise donnée. Une fois que nous avons déterminé le régime dans lequel nous sommes, nous pouvons mieux évaluer les facteurs que nous prenons en compte et la façon dont ils influeront sur le rendement futur des devises, comme la trajectoire économique, les perspectives des banques centrales, les justes valeurs, etc.

Pour mettre les choses en contexte, Lloyd, un exemple serait que le régime dans lequel nous sommes actuellement est davantage axé sur la croissance. En particulier dans les marchés développés, où les divergences de croissance se creusent clairement, si l’on pense en particulier à des pays comme les États-Unis, où la croissance a été très solide. Je pense que les perspectives de croissance demeurent élevées par rapport aux autres pays développés.

Ce régime de croissance actuel diffère considérablement de celui d’après 2022, qui était de nature plus inflationniste. Il y avait alors plus de divergences de l’inflation. Les divergences étaient plus prononcées entre les marchés émergents et les marchés développés. Ce sont les composantes de base de notre processus.

Lloyd : Maintenant que nous avons une bonne idée de la façon dont vous évaluez les perspectives d’une devise, voyons les perspectives de votre société à l’égard du roi de toutes les monnaies, le dollar américain, en particulier par rapport au dollar canadien. Plus précisément, je crois qu’il serait très utile de connaître vos perspectives à court, moyen et long terme et de comprendre pourquoi vous pensez ainsi.

Eric : Vous avez mis le doigt sur un élément très important, à savoir l’horizon temporel. J’ai parlé de court terme, moyen terme et long terme lors de la discussion sur le processus. Les perspectives des devises peuvent être très, très différentes d’un horizon à l’autre. En ce qui concerne le dollar américain, nous croyons qu’il est difficile d’être pessimiste à l’égard de cette devise. On parle notamment du « sourire du dollar américain ». Nous croyons que le sourire du dollar américain est très valable dans le présent régime.

Rappelons que le sourire du dollar américain est un concept qui repose sur la notion que le dollar américain peut bien se comporter par rapport aux autres monnaies dans deux scénarios très différents. L’un de ces scénarios serait une diminution de la prise de risque, où le dollar américain tend à être une valeur refuge. L’autre scénario serait de bonnes perspectives de croissance, en particulier aux États-Unis. Voilà les deux côtés du sourire. Un côté est lorsque les États-Unis connaissent une plus forte croissance. L’autre côté du sourire est lorsqu’il y a une diminution de la prise de risque sur les marchés.

De toute évidence, nous ne pensons pas que nous sommes dans cette dernière situation en ce moment. Nous pensons que nous sommes davantage dans un contexte de divergences de la croissance marqué par l’exceptionnalisme américain, donc dans la partie gauche de ce sourire. Nous pensons qu’il est difficile d’être pessimiste à l’égard du dollar. Le reste du monde, en particulier les autres pays développés, peine à générer une bonne croissance du PIB réel dans un monde caractérisé par des taux d’intérêt qui ont augmenté et une inflation qui est raisonnablement élevée.

Le dollar américain et l’économie américaine se sont mieux comportés que leurs homologues, ce qui, une fois de plus, alimente cette notion de l’exceptionnalisme américain. Je pense que, de même, dans la mesure où les politiques des banques centrales finissent par être trop restrictives, il y a une certaine forme d’événement de crédit, il y a une sorte de ralentissement économique, et le dollar américain sert probablement de valeur refuge.

Une chose à laquelle nous pensons, c’est à plus long terme. L’économie américaine est maintenant un exportateur net d’énergie et est beaucoup moins vulnérable aujourd’hui aux chocs des produits de base qu’il l’était auparavant. En résumé, je pense qu’à court terme, l’exceptionnalisme des États-Unis et la croissance divergente des États-Unis sont au cœur du jeu. À moyen terme, il est difficile de prévoir un repli durable du dollar américain par rapport à ses homologues, notamment le dollar canadien, puisque la Banque du Canada devra probablement réduire son taux directeur, et nous pensons qu’elle le fera vraisemblablement avant les États-Unis.

À long terme, il y a, encore une fois, des facteurs structurels, comme le fait que les États-Unis sont un exportateur net d’énergie, puis, de toute évidence, il y a les élections américaines qui auront lieu plus tard cette année. C’est un peu l’inconnu. Pour l’instant, même si nous avons un parti pris, notre société, Payden & Rygel, étant basée aux États-Unis, nous pensons qu’il est difficile de présenter des arguments contre le dollar.

Lloyd : C’est extrêmement utile, Eric. Pour rester en Amérique du Nord, mon père passe beaucoup de temps au Mexique ces jours-ci et il me pose sans cesse des questions sur le peso. Par ailleurs, par exemple, le Mexique vient de dépasser la Chine dans ses échanges commerciaux avec les États-Unis. J’aimerais savoir ce que vous pensez du peso.

Eric : Oui, le Mexique est maintenant le principal exportateur de biens aux États-Unis. Ses exportations se montent à environ 475 milliards de dollars. Fait intéressant, elles ont augmenté de 5 % par rapport à 2022, comparativement à la Chine, qui est maintenant le deuxième exportateur de biens aux États-Unis. Les exportations chinoises sont de 427 milliards de dollars, soit 20 % de moins qu’en 2022. Il y a donc une différence de trajectoire très importante, le Mexique devenant un partenaire de plus en plus important, à l’inverse de la Chine.

Pour ce que ça vaut, Lloyd, le Canada se classe au troisième rang, ce qui en fait un exportateur très important aux États-Unis. Juste un commentaire ici, le Mexique, sur le plan structurel, est passé d’un important exportateur de pétrole et d’énergie à un important exportateur d’automobiles au cours des dernières années, en particulier vers les États-Unis, ainsi que dans d’autres secteurs, comme les ordinateurs, par exemple. Fait intéressant, le Mexique est également le deuxième importateur de biens des États-Unis, ce qui en fait un partenaire commercial très important dans les deux sens. Tout juste après le Canada, mais devant la Chine.

Pour ce qui est de la Chine, je sais que nous en reparlerons un peu plus tard, mais je pense que c’est pertinent ici. Même si ses exportations vers les États-Unis ont fortement diminué, comme je l’ai mentionné, de 20 % au cours des 12 derniers mois, les États-Unis demeurent, de loin, le principal partenaire commercial de la Chine, et la Chine a en fait accru son empreinte commerciale à l’échelle mondiale. Même si les échanges commerciaux avec les États-Unis ont diminué de 20 %, les exportations nettes de la Chine à l’échelle mondiale ont augmenté, en raison principalement de l’essor spectaculaire des véhicules électriques et des produits verts en Chine.

Au cours des dernières années, la Chine a beaucoup progressé dans le domaine de l’énergie verte. Je pense que le peso, en particulier, est une devise à portage élevé. Qu’entend-on par « portage élevé »? Cela signifie simplement que les taux d’intérêt sont élevés dans ce pays par rapport au niveau actuel de l’inflation. Au Mexique, le taux directeur est de 11 % et le taux d’inflation avoisine 5 %. Les taux d’intérêt réels, comme on les appelle, sont plutôt élevés et la croissance a été très durable et, en fait, un peu surprenante, selon moi, depuis plusieurs trimestres.

Cela ne devrait peut-être pas être si surprenant, compte tenu, encore une fois, de la connectivité du Mexique aux États-Unis et du fait que la croissance aux États-Unis a été très résiliente. Les perspectives de croissance au Mexique sont bonnes. Cela dit, le peso mexicain est, selon nous, un peu surévalué. Nous estimons qu’il s’agit d’une de ces devises des marchés émergents où il faudrait faire preuve d’un peu de prudence, compte tenu de l’optimisme suscité par cette devise.

Il est difficile de présenter une argumentation contre le peso à moyen et à long terme. Encore une fois, je pense que cela nous ramène à l’horizon temporel. À court terme, nous sommes moins optimistes à l’égard du peso, mais à moyen et long terme, en raison de l’affermissement de cette relation avec les États-Unis, le peso nous paraît intéressant.

Lloyd : J’espère que les vacances deviendront un peu plus abordables, mais, d’ici là, nous pourrions traverser l’océan, si vous n’y voyez pas d’inconvénient, Eric. Je serais curieux de savoir ce que vous pensez de l’euro. De toute évidence, il y a eu beaucoup d’activité sur le continent depuis l’invasion de l’Ukraine. Nous vous serions reconnaissants de nous faire part de vos commentaires.

Eric : Bien sûr. Malheureusement, l’Europe est confrontée à de nombreux obstacles. Pour n’en nommer que quelques-uns : la crise des dettes souveraines, le Brexit et bon nombre des problèmes structurels auxquels elle a dû faire face au cours des cinq à dix dernières années. Et, étant donné que l’Allemagne était en récession l’an dernier, que le conflit entre la Russie et l’Ukraine se poursuit, et il ne semble pas y avoir de véritable fin en vue, et que, maintenant, il y a les tensions au Moyen-Orient, ces obstacles ont clairement augmenté.

L’Europe est un important importateur d’énergie, ce qui lui pose problème. Je pense que la reprise chinoise a été plutôt décevante, ce qui est particulièrement important pour l’Europe, car elle exporte beaucoup vers la Chine. Il y a donc de nombreux facteurs qui contrecarrent la croissance en Europe. Cela dit, l’euro a fait preuve d’une résilience étonnante. En fait, depuis le début de l’année, il est demeuré à l’intérieur d’une fourchette de 5 % par rapport au dollar.

Nous n’avons pas observé de dépréciation importante de l’euro, malgré ces obstacles à la croissance. Qu’est-ce que cela signifie pour nous? Cela donne à penser que le pessimisme est fortement pris en compte par les marchés européens, en particulier ceux des devises. Les récentes données en temps réel donnent à penser que la situation s’améliore un peu en Europe. Les indices des directeurs d’achats ont augmenté, la croissance aussi, semble-t-il. Il semble y avoir une certaine accélération de la croissance. Cela pourrait soutenir l’euro à court terme. C’est à court terme. Selon nous, il y a beaucoup de pessimisme, car la croissance semble assez bonne à court terme et l’euro devrait bien se comporter à court terme par rapport au dollar américain et à d’autres monnaies du monde développé.

À moyen terme, nous avons encore du mal à voir comment l’euro pourrait vraiment se redresser par rapport à son niveau actuel, sans que certains des grands facteurs externes que vous avez mentionnés, Lloyd, et que j’ai également mentionnés s’améliorent, notamment, la relation entre la Russie et l’Ukraine, les perspectives économiques de la Chine et, selon moi, l’unité politique sur le continent. En fin de compte, je pense que la stratégie générale serait de profiter de toute vigueur à court terme de l’euro pour vendre et d’être plus prudent à moyen et long terme, compte tenu de certains de ces obstacles structurels.

Lloyd : Maintenant que nous avons traité de l’euro, Eric, j’aimerais savoir ce que vous pensez de la livre sterling.

Eric : Bien sûr. Je pense que la livre sterling comporte plusieurs éléments semblables à ceux dont nous avons parlé concernant l’euro. Des problèmes structurels, ce que le Royaume-Uni a connu au cours des cinq à dix dernières années, la crise des dettes souveraines, le Brexit, etc. Je ne parle pas de la crise des placements guidés par le passif qu’il a dû endurer au cours des dernières années.

À l’instar de l’euro, Lloyd, le pessimisme est fortement pris en compte dans la valeur de la livre. La fourchette de négociation est demeurée très étroite depuis le début de l’année. Le Royaume-Uni sort d’une récession. À court terme, les perspectives de croissance s’améliorent quelque peu. La valeur de la livre sterling semble probablement acceptable à court terme. À plus long terme, nous pensons que la livre sterling se dépréciera. Les données fondamentales ne sont pas excellentes. La croissance de la productivité a été plutôt faible. La marge de manœuvre budgétaire est limitée, compte tenu du contexte politique. Je pense que la livre sterling se comportera bien à court terme, mais qu’elle connaîtra des difficultés à moyen et à long terme.

Lloyd : Pour gagner du temps, pourquoi ne pas nous tourner vers l’Extrême-Orient pour que vous nous donniez rapidement votre avis, étant donné que vous nous avez déjà fait part de vos réflexions sur la Chine et le yuan?

Eric : Oui, bien sûr. En bref, le yuan se situe à son plus bas niveau depuis que les autorités ont abandonné le régime de taux de change fixe en 2010. Je pense que le point de départ est vraiment pertinent. Au cours des quatre dernières années, la Chine a connu une faible l’inflation et même la déflation. Les autorités devraient réduire les taux d’intérêt. Elles ne le font pas. De toute évidence, elles tentent de soutenir la monnaie nationale. Elles tentent de soutenir le système bancaire du pays. Une certaine reprise cyclique s’est amorcée. Les taux d’intérêt réels sont élevés en Chine. La croissance du PIB réel a également été plutôt bonne. Selon nous, la Chine, à court terme, représente une occasion plutôt intéressante. Il y a d’importantes positions vendeur sur la devise chinoise. L’inflation est assez faible et la croissance semble assez solide. Nous aimons le yuan à court terme. À plus long terme, je pense que la croissance dont nous avons parlé en ce qui concerne la Chine et sa pertinence pour le commerce mondial rendent le yuan intéressant à long terme.

Lloyd : La prochaine économie que nous voudrions examiner est probablement celle du Japon. Nous n’avons pas observé un tel intérêt pour le yen depuis, semble-t-il, 30 ans. Qu’en pensez-vous?

Eric : Il est vrai que le Japon est un pays où la morosité règne depuis 30 ans en ce qui concerne l’inflation, la croissance et le marché boursier. Je pense que les autorités sont prises entre l’arbre et l’écorce. Même si le yen est faible, elles ne veulent pas laisser les taux des obligations d’État grimper autrement qu’à un rythme très lent. Elles sont intervenues sur le marché des taux d’intérêt et même sur le marché des changes pour protéger la faiblesse du yen, puis les taux ont augmenté.

En fin de compte, je pense que le yen aura du mal à s’apprécier tant que la Banque du Japon n’accélérera pas le processus de normalisation des taux ou que les marchés des taux d’intérêt ne se redresseront pas fortement. C’est vraiment l’une des deux choses qui doivent se produire. Nous croyons que la Banque du Japon a de bonnes raisons de normaliser les taux à un rythme plus rapide, car la cible d’inflation de 2 % peut être durablement respectée beaucoup plus que jamais depuis 30 ans.

L’inflation des salaires atteint des sommets inégalés depuis 30 ans. Une intervention actuelle pourrait réussir à contrer les positions vendeur spéculatives. C’est ce que nous avons constaté. Les écarts entre les taux d’intérêt japonais et américains, par exemple, sont si importants que la Banque du Japon, encore une fois, se trouve dans une situation très difficile où les taux doivent augmenter ou la monnaie doit continuer de se dévaluer.

Pour nous, cela signifie qu’elle ne doit pas intervenir sur le marché de changes. Je pense que cela en dit long sur le processus. Si on ne sait pas trop comment intervenir et qu’on est en territoire inconnu, surtout en ce qui concerne la monnaie nationale, il est parfois préférable d’attendre et de voir plutôt que de prendre une décision dans ce domaine.

Pour nous, le marché des taux d’intérêt semble plus intéressant. Nous pensons que les taux doivent augmenter. La monnaie se dépréciera probablement, mais la situation est un peu délicate, compte tenu des interventions possibles de la Banque du Japon.

Lloyd : Y a-t-il quelque chose que nous avons oublié et que nous devrions faire part à l’auditoire avant de clore ce tour d’horizon mondial des devises?

Eric : D’autres segments du monde émergent nous paraissent assez intéressants. Le monde émergent représente un vaste ensemble. Il compte plus de 80 pays. Je pense que le mot « émergent » aujourd’hui ne signifie pas la même chose actuellement qu’il y a 30 ans. Bon nombre de ces économies sont beaucoup moins émergentes. De toute évidence, nous avons parlé de la Chine. Nous avons aussi parlé du Mexique. Le Brésil en est un autre pays émergent. La Colombie aussi. D’autres pays de l’Asie de l’Est ont des économies plutôt développées.

En ce qui concerne le rendement des devises, le monde émergent représente pour nous un ensemble d’occasions plutôt intéressantes, surtout à mesure que ces économies deviennent plus développées. Je pense que vous pourriez faire valoir le fait que certaines des économies développées ressemblent davantage à des économies émergentes sous certains aspects. Le Royaume-Uni, par exemple, a eu beaucoup de mal à contenir l’inflation. Il a des problèmes budgétaires et des restrictions. Il a beaucoup de dépendances externes. L’idée ici est seulement d’amener l’auditoire à réfléchir à l’opposition entre pays développés et émergents. Ces mots ont évolué. Pour nous, ils ne signifient plus la même chose aujourd’hui qu’il y a 30 ans. Nous sommes à la recherche d’occasions intéressantes dans les marchés émergents.

Lloyd : Je comprends. Merci beaucoup, Eric. À l’approche de la fin de la séance, il serait sans doute bon que vous nous fassiez part de votre conclusion générale, Eric, sur le complexe des devises ou de toute autre chose que vous aimeriez communiquer à notre auditoire aujourd’hui.

Eric : Lorsque les gens parlent des marchés des changes en général, ils parlent souvent du Dixie, surtout lorsqu’ils pensent au dollar américain. Le Dixie est en fait un indice du dollar par rapport à un panier de devises. Nous le savions tous, n’est-ce pas? Cela devrait être un point de départ assez logique. Il s’avère que ce panier est fortement fondé sur trois monnaies : l’euro, la livre sterling et le yen. En fait, l’euro représente environ 60 % de ce panier, le yen, 14 % et la livre sterling, 12 %.

Près de 80 % du Dixie est constitué de ces seuls trois monnaies. Je pense que cela est lié à certains éléments dont nous avons parlé, à savoir que le marché des changes est vraiment vaste. Ce n’est pas seulement le dollar américain, ni l’euro, ni la livre sterling, ni le yen. En ce qui concerne le Dixie et le rendement du dollar américain, il faut être conscient du fait qu’il y a trois monnaies dominantes dans ce panier. C’est le fait amusant que je veux transmettre à l’auditoire.

À part cela, je pense qu’il faut réfléchir au rôle que joue la monnaie dans un portefeuille. Par exemple, comme vous l’avez mentionné, Lloyd, en tant que Canadien, voulez-vous assumer ce risque de change? Voulez-vous des dollars américains? Peut-être que oui. Si vous construisez un portefeuille large, l’exposition aux devises peut réduire la volatilité de ce portefeuille. Je pense qu’il s’agit simplement de comprendre le rôle que joue le risque de change dans un portefeuille donné, puis de savoir comment ce rôle peut évoluer au fil du temps.

Par exemple, il s’agit de comprendre que des monnaies comme l’euro ou la livre sterling jouaient probablement un rôle différent dans les portefeuilles il y a 20 ou 30 ans, la volatilité qu’elles engendrent dans les portefeuilles et des choses de cette nature. Je pense que la première étape consiste simplement à déterminer le rôle que jouent les devises, puis à discuter avec votre conseiller de la façon dont elles peuvent s’intégrer à l’ensemble de votre portefeuille. Je terminerais sur ces dernières réflexions.

Lloyd : C’était excellent, Eric. Nous vous remercions sincèrement, vous et tous nos auditeurs, de votre temps. Il s’agissait d’un autre épisode de On the Money. En notre nom à tous, Fonds Dynamique vous souhaite bonne santé et sécurité. Merci encore de vous être joint à nous.

Annonceur : Vous avez écouté un autre épisode de On the Money. Pour en savoir plus sur Fonds Dynamique et notre gamme complète de fonds à gestion active, communiquez avec votre conseiller financier ou consultez notre site Web à l’adresse dynamic.ca. Merci de vous être joint à nous.

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