PARTICIPANTS
Mark Brisley
Directeur général et chef, Fonds Dynamique
Noah Blackstein
Vice-président et gestionnaire de portefeuille principal
PRÉSENTATION
Mark Brisley : Vous écoutez On The Money de Fonds Dynamique, une série de balados qui vous donne accès à certains des portefeuillistes les plus aguerris en gestion active ainsi qu’à des maîtres à penser dans le domaine de la finance. Lors de nos rencontres, nous posons à nos invités des questions pertinentes afin de connaître leur point de vue sur la conjoncture et de recueillir leurs conseils sur la manière de composer avec le contexte actuel.
Bienvenue à un autre balado On the Money. Mon nom est Mark Brisley. Je serai votre animateur. Je discute aujourd’hui avec Noah Blackstein, gestionnaire chevronné axé sur la croissance. Durant sa carrière, Noah a géré des mandats de croissance américains et mondiaux. Il gère actuellement un actif de plus de 10 milliards $ à Dynamique. Nous nous étions entretenus avec Noah en juillet 2020. Même si les choses ont beaucoup changé, il demeure fidèle à sa démarche d’investissement, ce qui constitue la clé de son succès des 23 dernières années.
Cette démarche a principalement contribué aux rendements fructueux de ses fonds non seulement en 2020, mais aussi à long terme au sein des mêmes mandats.
Nous nous rapprochons heureusement de la fin de cette pandémie mondiale dévastatrice. Dans l’avenir, l’économie s’avérera vraiment différente à bien des égards. Comme Noah en a discuté ces dernières semaines, l’accélération de la transformation numérique à long terme dans de multiples secteurs ne risque pas de régresser vers la moyenne. Il insiste toujours sur le fait que les investisseurs devraient continuer de mettre l’accent sur les fondamentaux et sur ce dans quoi ils investissent en fin de compte, qui représente la valeur de la croissance future grâce aux bénéfices et aux flux de trésorerie.
Noah, entrons dans le vif du sujet. Je vais lire une citation tirée d’un commentaire que vous avez récemment rédigé : « Nous avons souvent connu de telles rotations ces dix dernières années. Dans les bonnes périodes comme durant les mauvaises, nous gardons le cap sur notre démarche de placement sans broncher. Les excellentes entreprises tirent toujours leur épingle du jeu. Contrairement à d’autres périodes, l’économie semble en meilleure forme qu’il y a six mois, et non pire. Cela accélérera davantage la croissance de nombreuses sociétés dans lesquelles nous investissons. »
Parlons maintenant de ce que vous avez observé sur les marchés depuis notre dernière discussion. J’aimerais aussi connaître votre point de vue sur la rotation que nous observons depuis août 2020.
Noah Blackstein : Parmi les choses que nous avons pu observer depuis la crise financière, mentionnons que les stratégies macroéconomiques ont changé et ne fonctionnent plus très bien en ce qui concerne les obligations et les actions. Cela s’explique notamment par les programmes de relâchement quantitatif des banques centrales. Beaucoup de ces stratégies se sont transformées en approches factorielles ou fondées sur la rotation des secteurs. En effet, des fonds quantitatifs ont affiché une rotation entre les facteurs de valeur et de croissance durant différentes périodes. Ces signaux sont habituellement déclenchés par la pente de la courbe des taux, qui est fondée sur la duration d’un grand nombre d’obligations du Trésor. Plus la courbe est abrupte, plus cela indique normalement que l’économie s’améliore.
De nombreux fonds quantitatifs délaissent alors certains secteurs de croissance pour se tourner vers la finance, les titres cycliques ou des sociétés plus sensibles à l’économie. Les taux d’intérêt ont monté en août 2020 et ont poursuivi sur leur lancée quand il y a eu des nouvelles positives sur les vaccins en novembre. Ils s’envolent depuis le début de l’année, le rendement des obligations du Trésor américain à 10 ans, qui constitue un repère, ayant bondi de presque 90 % depuis le 31 décembre.
Il s’agit d’une hausse considérable, si l’on tient compte du fait que la Réserve fédérale américaine (Fed) maintient les taux à de faibles niveaux, ce qui a entraîné le redressement de la courbe des taux. Cela a donné lieu à une énorme rotation sectorielle dans certains des secteurs les plus éprouvés ou durement touchés. Certains pourraient soutenir qu’il s’agit d’un mouvement massif vers la valeur. Cependant, si on regarde la situation de plus près, on se rend compte que la rotation favorise certaines des sociétés non rentables éprouvant les plus grandes difficultés et non des sociétés affichant un solide bilan et des évaluations bon marché.
Cette rotation fondée sur la pente de la courbe des taux constitue une bonne chose selon nous. En effet, nous pensons que l’économie prend du mieux, ce qui devrait se traduire par de meilleures perspectives pour les sociétés dans lesquelles nous investissons. De plus, nous croyons qu’il faut connaître les raisons du sous-rendement ou du surrendement des actions sur lesquelles on mise. Si la rotation prévue sur la courbe de rendement en est responsable, cela signifie qu’il devrait y avoir des occasions à saisir si l’on se fie au passé. Nous avons pu l’observer au quatrième de 2016, quand les taux ont gagné beaucoup de terrain, puis ont redescendu.
La présente rotation pourrait persister. Les taux d’intérêt ont renoué avec leurs niveaux prépandémie, en raison de la vaccination qui va bon train et des stimulants qui abondent, évidemment. Toutefois, ils ont vraiment décollé des sommets atteints en novembre 2018, lorsque le rendement des obligations du Trésor à 10 ans était deux fois plus élevé qu’en ce moment (plus de 3,2 à 3,4 %, contre 1,7 % aujourd’hui). Une économie plus vigoureuse augure bien pour nos sociétés en portefeuille. Les rotations sectorielles font simplement partie de la nature des marchés à l’heure actuelle. Les investisseurs devraient en tirer parti, à condition que rien n’ait changé du côté des entreprises sous-jacentes de leurs fonds.
Mark Brisley : Comme vous gérez surtout des mandats américains et mondiaux, j’aimerais que vous nous parliez du Fonds Croissance américaine Power Dynamique et de la Catégorie Croissance mondiale Power Dynamique, qui ont connu une excellente année 2020, notamment de leur positionnement. Vous avez saisi de nombreuses occasions en 2020. Pouvez-vous d’abord faire le survol des caractéristiques que vous recherchez quand vous sélectionnez des sociétés pour ces deux mandats?
Noah Blackstein: Dans le cadre de notre démarche qui sert nos intérêts depuis plus de 23 ans, nous cherchons des sociétés qui peuvent croître au fil du temps. En général, nous ciblons des entreprises qui affichent une croissance rapide, soit une hausse des bénéfices et du chiffre d’affaires de 18 % et plus. Nous mettons vraiment l’accent sur cette croissance. Nous ne cherchons pas des sociétés qui présentent une croissance, un chiffre d’affaires et des bénéfices potentiels imaginaires.
Nous recherchons des sociétés qui génèrent un chiffre d’affaires et un résultat net réels, mesurables au moyen du bénéfice par action, des flux de trésorerie par action ou des flux de trésorerie disponibles par action. Nous voulons voir des bénéfices économiques.
Nous passons au crible les marchés tant américains que mondiaux. Nous tentons de dénicher des entreprises qui répondent aux critères susmentionnés. Ces entreprises ne courent pas les rues. Nous appliquons des filtres sur un univers de 5 000 sociétés pour en faire ressortir de 100 à 200 en moyenne. Nous consacrons ensuite beaucoup de temps à examiner les fondamentaux de chaque entreprise afin de nous faire une idée de son potentiel sur un horizon de trois à cinq ans.
Nous cherchons à déterminer le potentiel de chacune du côté de la croissance des bénéfices, du chiffre d’affaires et des marges d’exploitation. Nous souhaitons aussi savoir si l’équipe de direction peut atteindre ces objectifs. Nous avons toujours gardé le cap sur notre démarche, peu importe les rotations quotidiennes, mensuelles ou trimestrielles. C’est ainsi que nous avons produit une feuille de route longue de plus de 20 ans, qu’on parle de notre fonds mondial ou américain.
C’est important, car nous savons que le cours des actions des sociétés qui peuvent accroître leur chiffre d’affaires et leurs bénéfices au fil du temps a tendance à suivre la même trajectoire à long terme. Notre objectif consiste à déterminer si la société constitue un investissement intéressant aujourd’hui et si son cours boursier actuel comporte un potentiel de hausse suffisant par rapport à notre estimation des bénéfices ainsi que du chiffre d’affaires futur.
Mark Brisley : J’ai regardé une de vos récentes entrevues sur les ondes de CNBC. Ceux qui vous ont déjà entendu parler dans les médias connaissent votre engagement envers votre démarche de placement, qui vous a permis de dénicher beaucoup d’entreprises novatrices. Étant donné ce que nous avons connu durant la crise sanitaire, nombre d’entre elles œuvraient dans les soins de santé. Discutons un peu des thèmes à croissance séculaire sur lesquels vous misez actuellement. La croissance est-elle toujours au rendez-vous?
Noah Blackstein : Avant la pandémie, nous nous trouvions au début d’un virage vers le commerce électronique ou la numérisation des entreprises. Quand nous détenions des positions dans Google après son premier appel public à l’épargne, le marché publicitaire était énorme. Or, le marketing en ligne représentait moins de 2 % du montant total en dollars consacré à la publicité. La population consacrait près de 20 % de son temps à naviguer sur Internet.
Lorsque Google a fait son entrée en bourse, son chiffre d’affaires était légèrement inférieur à 2 milliards $. Or, nous pensions que même si elle grignotait une faible part du gâteau publicitaire, cela constituait une occasion de 15 ou 20 milliards. Le remplacement des médias traditionnels par les médias en ligne en ce qui concerne les dollars utilisés pour la publicité qui a eu lieu au milieu de la dernière décennie démontre qu’il s’agit d’un thème qui ne touche plus seulement la publicité.
Ce remplacement global transforme la manière dont nous voyons et consommons les produits médiatiques. La pandémie a mis en lumière l’importance de l’infonuagique, mais cette tendance avait débuté avant la crise sanitaire, qui met beaucoup plus l’accent sur la capacité des entreprises à avoir des applications en nuage. L’infonuagique a fait l’objet d’énormes investissements par des mégasociétés œuvrant dans le secteur.
L’avenir des communications avec les clients et de l’utilisation des analyses, qu’il s’agisse de l’apprentissage-machine ou de l’intelligence artificielle, consiste à établir des liens avec les clients et à découvrir ce qu’ils recherchent. Nous étions à l’aube de la prochaine génération de produits technologiques, qui ne seront pas une simple boîte trônant sur votre bureau ni un bout de verre ou de métal se trouvant dans votre poche. Cela concerne les interactions et la communication avec la clientèle et, ultimement, la manière dont on vend des produits. Toutes les entreprises subissent ainsi une transformation.
À l’interne, les sociétés constatent la concurrence que livre le virage numérique au papier. Or, combien de processus se font encore sur papier? Le numérique permet aux entreprises de simplifier leurs processus, de devenir beaucoup plus productives et efficaces ainsi que d’interagir avec leurs clients et d’en recruter. C’est le cas de nombreuses sociétés, qu’il s’agisse de détaillants ou de banques aux États-Unis.
Il s’avère nettement moins coûteux de recruter un client en ligne que de la manière traditionnelle. C’est l’avenir du capitalisme et de l’engagement des consommateurs. Il y a encore beaucoup de chemin à faire en ce qui concerne l’occasion que cela représente pour les sociétés d’infrastructures, les entreprises qui doivent repenser leurs logiciels ainsi que tous les secteurs qui ont recours à la technologie pour obtenir de nouveaux clients et accroître leurs activités, qu’il s’agisse des banques, du tourisme, des médias ou même des soins de santé. Ces thèmes sont séculaires par nature et le resteront longtemps, une fois la pandémie derrière nous.
Mark Brisley : La répartition géographique attire également l’attention et soulève beaucoup de discussions, probablement à cause du surrendement des États-Unis l’an dernier. Si on compare les marchés internationaux et américains, où entrevoyez- vous les nouvelles occasions à l’extérieur de l’Amérique du Nord au sein de vos mandats mondiaux?
Noah Blackstein : La différence entre le Fonds Croissance américaine Power Dynamique et la Catégorie Croissance mondiale Power Dynamique réside presque juste dans les occasions qui se présentent à chacun. Le premier met l’accent sur les États-Unis, et le deuxième, sur le monde entier. Il y a beaucoup plus d’occasions dans le monde que chez l’oncle Sam. Cependant, je dirais que le choix des pays ou des secteurs n’a pas vraiment d’importance dans une démarche de placement descendante.
Notre démarche dicte tout et elle est ascendante. Peu importe où nous dénichons des sociétés rentables à croissance rapide qui représentent une occasion beaucoup plus grande, nous procédons à une vérification diligente à leur égard, puis regardons les occasions qui s’ensuivront dans l’avenir. Même s’ils ont mis l’accent sur les États-Unis en 2020, nos mandats mondiaux ont connu une excellente année en raison de l’émergence des services bancaires numériques et de la technologie financière au Brésil, du commerce électronique des jeux vidéo en Asie ou des paiements électroniques en Europe.
Un grand nombre des tendances et des secteurs à croissance séculaire dont nous avons discuté, comme le virage numérique de la finance, des soins de santé ou des médias, ou encore, les moyens d’atteindre les consommateurs, constituent des thèmes mondiaux. Ils ne concernent pas seulement les États-Unis et le Canada, mais aussi l’Europe, l’Indonésie, les Philippines ou le Brésil. En Amérique du Nord, les États-Unis retiennent souvent toute l’attention, mais ces tendances mondiales s’observent aux quatre coins du globe.
Chaque marché est un peu différent sur le plan réglementaire, mais de nombreux thèmes présents aux États-Unis dont nous avons discuté le sont aussi à l’échelle mondiale. Il ne faut pas analyser la situation dans son ensemble, mais plutôt point par point. Donc, on se place en bas de la montagne plutôt qu’à son sommet pour envisager les choses. Quand on prend un point de vue ascendant, ces tendances s’avèrent de nature à la fois mondiale et séculaire.
Mark Brisley : Vous avez souvent discuté dans les médias de l’intervention des banques centrales sur les marchés. Nous avons beaucoup entendu parler des grands argentiers, surtout ces dernières semaines. Que pensez-vous de leurs dernières initiatives et des grands scénarios qui émergent en ce qui a trait aux taux ?
Noah Blackstein : Pour ce qui est des conséquences négatives, je crois que tous les grands marchés baissiers que j’ai connus dans ma carrière, à part celui attribuable à la pandémie, découlent d’une hausse excessive des taux d’intérêt par les banques centrales. Selon moi, les marchés anticipent que la Fed relèvera les taux bien plus tôt qu’elle l’a annoncé. Le grand argentier américain essaie certainement d’éviter de resserrer les conditions financières et d’augmenter les taux de manière trop hâtive. La pandémie entraîne des effets de base en glissement annuel, comme l’effondrement de l’économie durant les confinements. De plus, l’inflation s’intensifiera, car les comparaisons sur un an seront importantes.
En ce qui concerne les forces séculaires exercées sur l’inflation, il n’existe toujours pas de théorie générale de l’inflation, même si de nombreuses personnes prétendent à la télévision que l’inflation augmentera. Nous ne savons toujours pas quelles sont les causes exactes de l’inflation. Évidemment, imprimer trop d’argent a un effet inflationniste. Personne ne sait vraiment ce que cela signifie.
Selon moi, on peut accorder trop d’attention à la conjoncture macroéconomique. Il importe toutefois de mettre l’accent sur les sociétés. Je pense que la récession est le plus gros risque qui guette les entreprises. Avant la pandémie, une majoration excessive des taux d’intérêt par les banques centrales entraînait habituellement ce risque. On nous a dit de ne pas regarder la courbe des taux lorsqu’elle s’est inversée. Les marchés ont ensuite subi une correction de presque 20 % au quatrième trimestre de 2018.
Les erreurs des banques centrales qui relèvent trop les taux me préoccupent beaucoup. Je suis également inquiet à propos des nombreuses sociétés qui affichent un bilan douteux, qui risquent de ne pas pouvoir poursuivre leurs activités et qui utilisent les marchés comme outil de refinancement en raison des programmes d’achats d’obligations. Un certain nombre de ces entreprises étaient, par exemple, pratiquement insolvables à court terme sur le plan opérationnel. Plusieurs d’entre elles ont doublé ou triplé leur nombre d’actions en circulation tout en émettant des obligations. Selon moi, ces sociétés auraient dû couler.
Durant la pandémie, les banques centrales ont un peu changé le fonctionnement des marchés, dont le rôle est passé de l’affectation adéquate des capitaux au financement. Cela m’inquiète un peu, mais ne change pas mon objectif principal, qui consiste à dénicher des sociétés qui se trouvent aux premiers stades de leur croissance et qui affichent une croissance rentable, peu importe où elles se trouvent. Si l’équipe de direction peut mener à bien sa stratégie, elle devrait être en mesure de générer des rendements pour les actionnaires. En fin de compte, en dépit des interventions des banques centrales et des taux d’intérêt qui changent constamment, c’est la meilleure manière de faire de l’argent en bourse au fil du temps, selon moi.
Mark Brisley : Les investisseurs ont toujours trop d’information à digérer quand ils observent les marchés en général. Tous les deux ou trois ans, il y a quelque chose de nouveau qui fait les manchettes et qui se présente souvent sous la forme d’un acronyme. J’hésite à aborder le sujet, car on en entend énormément parler ces temps-ci. Discutons néanmoins des sociétés d’acquisition à vocation spécifique, aussi appelées sociétés « carte blanche ».
Nos auditeurs ne connaissent probablement pas ce terme, qui fait essentiellement référence à des sociétés cotées en bourse qui font l’acquisition de sociétés fermées, puis les transforment en sociétés ouvertes. Pouvez-vous nous donner votre point de vue sur ces entreprises, sur l’élan qui propulse leur croissance, sur leurs répercussions possibles sur les marchés et sur tout ce qui devrait préoccuper ou attirer l’attention des investisseurs?
Noah Blackstein : Nous gérons deux fonds de couverture, et le Fonds d’occasions mondiales de croissance Dynamique est le plus audacieux. Plus récemment, une partie du problème résidait dans le fait que beaucoup de sociétés sur lesquelles le fonds a pris des positions à découvert présentent un profil de crédit désastreux, des fondamentaux atroces et un lourd endettement. Ces entreprises ont inscrit les meilleurs rendements au cours des six à neuf derniers mois. C’est frustrant pour notre stratégie vendeur, mais dans l’un des portefeuilles, nous avons consacré beaucoup de temps sur un grand nombre de sociétés d’acquisition à vocation spécifique. Nous avons vendu à découvert les titres d’au moins quatre de ces entreprises, ce qui s’est avéré plutôt rentable pour le Fonds d’occasions mondiales de croissance Dynamique.
Il y a beaucoup à savoir sur les sociétés d’acquisition à vocation spécifique. Les épargnants ne devraient pas investir dans une telle entreprise s’ils ne savent pas qui en est le commanditaire ou ce qui s’y passe. Selon moi, il y a beaucoup d’argent à faire pour les commanditaires et ceux qui misent sur des placements privés dans les sociétés ouvertes. Ce sont des placements privés et des actions de sociétés ouvertes, qui sont généralement des sociétés d’acquisition à vocation spécifique, et la dilution est énorme.
À mon avis, les sociétés d’acquisition à vocation spécifique constituent pour la plupart des placements très risqués. Elles vont probablement se stabiliser. Il y aura des gagnants et des perdants, mais cela prendra du temps. Certaines bonnes entreprises commanditent des sociétés d’acquisition à vocation spécifique, par exemple des sociétés de capital de risque renommées. Les transactions ne sont pas annoncées. Il faut néanmoins analyser en détail chaque société d’acquisition à vocation spécifique, ce qui exige énormément de travail. Plus récemment, certaines de ces sociétés non avantageuses se sont avérées rentables du côté des positions vendeur. Je dis toutefois aux investisseurs de les ignorer, surtout à leurs débuts.
Si vous pouvez analyser les faits à la suite d’une transaction conclue par une de ces sociétés, vous pourrez peut-être profiter d’occasions intéressantes. En ce moment, nous évitons de prendre des positions acheteur sur ces entreprises. Nous croyons que certaines sociétés qui n’anticipent aucun chiffre d’affaires ni bénéfice pour les sept prochaines années ont été englouties par une société d’acquisition à vocation spécifique. Elles pourraient donc annoncer une transaction et représentent d’excellentes occasions à saisir du côté des placements à découvert. Nous avons déniché quelques excellentes affaires dans ce secteur ces neuf derniers mois.
Mark Brisley : Merci pour ces commentaires. Les fonds de couverture, qui existent depuis belle lurette, ont aussi fait couler beaucoup d’encre récemment. Il y a eu certaines nouvelles négatives à propos de ces fonds, notamment en ce qui concerne Melvin Capital et le fonds pour les engins fantômes Arca (la semaine dernière). Ce fonds ne ressemble en rien aux fonds de couverture que vous gérez. Nos auditeurs voient d’un mauvais œil ces produits en raison de la couverture médiatique, qui les décrivent comme des fonds gérés à la manière de l’émission de télévision Billions. J’aimerais connaître votre point de vue sur ces types de fonds de couverture et les différences qu’ils présentent par rapport à vos objectifs dans le cadre de vos fonds de couverture et de vos mandats spécialisés.
Noah Blackstein : D’abord, vous avez mentionné mes entrevues sur les ondes de CNBC. Andrew Sorkin, l’un des scénaristes et producteurs des premières saisons de Billions, est également animateur à l’émission Squawk Box. Même si Billions est une fiction, Andrew est réellement journaliste financier pour le New York Times et CNBC. Les noms ont probablement été changés afin de protéger les innocents, mais les premières saisons de Billions renferment des choses très intéressantes. Certaines personnes pourraient dire en regardant l’émission qu’elles savent à qui font référence les personnages.
Nous sommes au gouvernail de fonds de couverture opportunistes et axés sur le rendement comme le Fonds d’occasions mondiales de croissance Dynamique et le Fonds de performance Alpha Dynamique. Comme nous tentons d’y maintenir une faible volatilité, nous n’y avons pas utilisé l’effet de levier de manière considérable, contrairement à certains fonds de couverture qui se sont retrouvés dans l’eau chaude dernièrement.
Je connais l’histoire des deux fonds que vous avez mentionnés. Je ne suis pas au courant de tous les faits, donc je ne les commenterai pas. Cependant, nous n’investissons pas dans GameStop, ce qui aurait pu avoir des conséquences négatives. De plus, nous n’avons rien à voir avec les sociétés chinoises qui faisaient récemment partie des blocs de titres négociés et qui ont grimpé durant la liquidation d’un autre fonds de couverture ou d’un bureau familial.
Nous n’avons pas participé à ces sociétés, mais il reste que l’effet de levier peut avoir des répercussions sur un groupe d’actions si les sociétés émettrices font l’objet d’un désendettement. Certains titres ont éprouvé des difficultés. Des actions détenues par ces autres fonds de couverture que nous pourrions également posséder ont dû être liquidées, mais pas à cause de la détérioration de leurs fondamentaux. Elles pourraient constituer des occasions si rien n’a changé du côté des fondamentaux des sociétés.
Évidemment, certains événements ont eu lieu, et je n’en fais pas fi. J’étais gestionnaire de portefeuille lors de la faillite de Long Term Capital.
J’ai aussi assisté à la débâcle survenue en 2008 en raison du passif hors bilan de certaines sociétés. Selon moi, les swaps sur défaillance, l’écart des swaps sur défaillance et les banques semblent toujours constituer des problèmes mineurs, sauf dans le cas de certaines banques européennes et japonaises qui ont été directement impliquées. J’observe tous les signes de stress dans le système. Les fonds de couverture qui ont mordu la poussière peuvent avoir des répercussions à très court terme sur les sociétés dans lesquelles eux et nous investissons. Les effets potentiels ne semblent pas systémiques jusqu’à maintenant, mais cela pourrait changer. Je ne connais pas la taille des pertes des banques touchées. Nous surveillons la situation, mais les pertes semblent négligeables pour l’instant. Nous rajusterons le tir si les faits changent.
Mark Brisley : De nombreux facteurs ont contribué aux fluctuations (à court terme pour la plupart) des marchés. Nous en avons déjà discuté aujourd’hui. En tant qu’investisseur axé sur la croissance, comment pouvez-vous faire fi des fluctuations des marchés à court terme et vous concentrer sur les rendements des sociétés sur lesquelles vous misez? Par ailleurs, durant de la récente période d’annonce des bénéfices, qu’avez-vous observé du côté des entreprises dans lesquelles vous investissez. Quelles sont leurs perspectives d’avenir?
Noah Blackstein : Au cours des deux dernières années, on nous a demandé notre point de vue sur les placements axés sur la valeur et la valeur fondamentale. J’ai sans cesse fait l’éloge des adeptes des titres de valeur et souligné l’importance de détenir à la fois des placements de style croissance pure et valeur pure dans son portefeuille. On ne peut pas prévoir le genre de fluctuations auxquelles nous avons assisté au cours des 30 derniers jours, ou depuis le 16 février. Il faut donc d’une part miser sur un gestionnaire tablant sur la valeur fondamentale et d’une autre sur un axé sur la croissance. Je crois depuis toujours dans l’importance de diversifier selon les styles.
Je crois que les fonds de style valeur ont enregistré certains de leurs meilleurs résultats relatifs en de nombreuses années, et ce, sur une très courte période. J’ai toujours vanté les mérites des gestionnaires axés sur la valeur. Cependant, aucun d’entre eux ne m’a retourné la pareille ou dit quoi que ce soit d’élogieux à mon égard ces 25 dernières années. Ce n’est pas bien grave. Pour l’essentiel, je pense qu’il faut se concentrer sur les entreprises, leurs catalyseurs et leur potentiel de croissance.
Vu toutes ces fluctuations, il faut beaucoup d’expérience pour se dire : « Je vais me départir de cette société susceptible de croître de 30 à 35 % par an et de faire passer son chiffre d’affaires annuel de 1 G$ à 20 G$ ». Le marché voit maintenant d’un bon œil les cinémas, les croisiéristes et les centres commerciaux, qui n’avaient pas vraiment la cote avant la pandémie. Cependant, il y a une thèse ridicule selon laquelle ces segments feront bonne figure après la crise sanitaire.
Je ne peux pas faire de l’argent de cette manière. Nous misons plutôt sur de solides sociétés de croissance dotées d’un grand potentiel, qui ne se reflète pas dans le cours actuel de leurs actions. J’essaie vraiment de m’en tenir à ça, ce qui est facile quand la démarche se traduit par une hausse de 20, 40, 60 ou 90 %. Cependant, il y a des périodes où elle ne fonctionne pas bien. Beaucoup d’investisseurs ont alors de la difficulté à maintenir le cap, comme ce fût le cas quand le style valeur n’avait pas de succès. Or, c’est en restant fidèle à son approche qu’on peut générer des rendements à long terme.
Les replis n’ont rien d’agréable. Cependant, quand les cours s’envolent, il faut s’attendre à ce qu’ils redescendent un peu à un moment donné, pour ensuite remonter.
Mark Brisley : Lors des récentes entrevues que vous avez données, beaucoup de gens vous ont posé cette question. De plus, vous adorez écrire au sujet de cette rotation. Au début de la conférence, vous avez indiqué que la valeur se trouve dans la croissance future des bénéfices et des flux de trésorerie. Vous avez également parlé de l’importance de la valeur. Pour les investisseurs axés sur la valeur qui nous écoutent et qui éprouvent des difficultés, vous rappelez que ce style joue un rôle essentiel au sein d’un portefeuille. Toutefois, pour en tirer le meilleur parti, mieux vaut avoir recours à la gestion active.
Noah Blackstein : Tout à fait. Je pense que l’évolution des stratégies macroéconomiques constitue un autre facteur important. Elles ont en effet connu un échec cuisant depuis 2008, probablement en raison de l’assouplissement quantitatif, mais je ne sais pas exactement pourquoi. Dans un contexte de croissance au ralenti et de faible inflation, ces fluctuations ont surpris. Dans la plupart des cas, les investisseurs se sont tournés vers les approches factorielles qui, souvent, ont recours à des fonds indiciels de valeur ou de croissance. Or, les fournisseurs d’indices ne sont pas vraiment axés sur la valeur et la croissance; ils sont chers ou bon marché. La majorité du temps, ils affichent soit des ratios cours-valeur comptable faibles ou élevés. Les indices de valeur finissent souvent par tourner autour de l’énergie et des banques, alors que ceux de croissance se concentrent sur les soins de santé, la communication, les services et la technologie. On se trouve plus à faire une rotation des secteurs que des styles valeur et croissance. Je ne veux pas dire que les méthodes factorielles s’avèrent meilleures, car au final, je me concentre sur les entreprises elles-mêmes.
Parfois, le cours des actions de sociétés éprouvées indique un problème fondamental dans l’entreprise, l’équipe de direction ou les perspectives de l’entreprise. On doit donc pouvoir comprendre ce qui se produit sur le marché, comme lorsque les gens vendent des actions de croissance pour acheter celles des banques en tenant compte de la pente de la courbe des taux. On ne doit pas se laisser influencer par ces mouvements et risquer de passer à côté d’une entreprise solide susceptible de prendre beaucoup d’ampleur dans les cinq prochaines années. On doit donc connaître la valeur de cette société.
Lors de son entrée en bourse, Facebook avait un chiffre d’affaires légèrement inférieur à 4 G$. En effectuant une analyse fondamentale, on a constaté que le cours de son action, qui se situait autour de 25 $ en 2013, est monté à 200 $ en cinq ans. Il s’élève aujourd’hui à près de 300 $. Ce genre de placements dynamise un portefeuille et les rendements. L’action a fait aussi bonne figure en raison du chiffre d’affaires et des bénéfices, qui ont augmenté beaucoup plus que quiconque ne l’avait imaginé. Voilà le type de renseignements que nous essayons de trouver.
Mark Brisley : Merci Noah pour vos commentaires très éclairants. Comme toujours, ce fut un plaisir de discuter avec vous. J’ai déjà hâte à notre prochaine conversation. Sans aucun doute, les choses auront encore changé, sauf bien entendu votre approche. Les investisseurs ont certainement tiré parti de vos propos. Merci d’avoir pris le temps de nous parler et de partager avec nous toutes ces informations.
Noah Blackstein : Comme l’a écrit mon batteur favori, [langue étrangère].
Mark Brisley : Fantastique! Je tiens à remercier tous nos auditeurs d’avoir assisté à la conférence d’aujourd’hui. Si vous souhaitez en savoir plus sur Fonds Dynamique ou sur les mandats dont nous avons discuté, rendez-vous à dynamique.ca. Comme toujours, nous soulignons que vous devriez consulter un conseiller financier qualifié si vous avez des questions à propos des sujets abordés ou des placements en général. Au nom de Fonds Dynamique, je vous remercie d’avoir été des nôtres. Soyez prudents et prenez bien soin de vous.
Vous venez d’écouter un autre balado On the Money de Fonds Dynamique. Pour en savoir davantage sur Dynamique et sa gamme complète de fonds, communiquez avec votre conseiller financier ou visitez notre site Web à dynamique.ca.
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