PARTICIPANTS
Mark Brisley
Directeur général et chef, Fonds Dynamique
David Fingold
Vice-président et gestionnaire de portefeuille principal
PRÉSENTATION
Mark Brisley : Vous écoutez On The Money de Fonds Dynamique, une série de balados qui vous donne accès à certains des portefeuillistes les plus aguerris en gestion active ainsi qu’à des maîtres à penser dans le domaine de la finance. Lors de nos rencontres, nous posons à nos invités des questions pertinentes afin de connaître leur point de vue sur la conjoncture et de recueillir leurs conseils sur la manière de composer avec le contexte actuel.
Bienvenue à ce nouvel épisode de la série On The Money de Fonds Dynamique. Mon nom est Mark Brisley. Je m’entretiens encore une fois avec David Fingold. Ce gestionnaire de portefeuille veille sur plus de 13 milliards de dollars d’actifs, se trouvant à la barre d’une gamme de fonds communs et de FNB américains et mondiaux à laquelle se sont récemment ajoutés deux mandats internationaux.
Nous nous étions entretenus avec David en novembre 2020, juste après les élections américaines. Un vent d’optimisme soufflait alors sur les fronts de la pandémie, de l’économie et des marchés. Je fais de l’ironie, bien sûr! Bienvenue David!
Mark Brisley : Commençons par les grandes tendances. Que pensez-vous de la situation sur les marchés boursiers? Prévoyez-vous la venue de nouveaux meneurs en 2021?
David Fingold : Je trouve important de prendre un pas de recul et d’examiner d’abord ce qui s’est produit au cours des dernières années. Une récession industrielle a commencé au début de 2018 pour se poursuivre tout au long de 2019, coïncidant avec le début du conflit commercial entre la Chine et les États-Unis.
Elle s’est transformée en une vraie récession à la fin de février 2020, ce que le National Bureau of Economic Research (NBER) a confirmé à ce moment-là. Les marchés se sont redressés depuis l’intervention des banques centrales, à la fin de mars et en avril l’an passé. Nous nous trouvons encore dans les premiers stades d’une reprise économique.
En fait, le NBER n’a toujours pas annoncé que la récession était terminée. Les marchés boursiers se comportent comme ils le font normalement après une récession : les titres cycliques l’emportent sur les défensifs, le cuivre supplante l’or, la courbe de rendement s’accentue, les taux d’intérêt augmentent et les actions de petites entreprises devancent celles des grandes. De plus, les parquets internationaux montrent des signes de vie après avoir été surpassés par le marché américain jusqu’au creux atteint en mars 2020.
Le marché se comporte comme il le fait normalement dans les premiers stades d’un cycle économique. Très peu de choses ont changé, mais si on regarde un peu plus « sous le capot », on voit que la hausse des taux d’intérêt a été plus rapide récemment.
Selon nous, les élections américaines, les vaccins et l’amélioration conjoncturelle ont fait remonter les taux d’intérêt à des niveaux plus normaux par rapport à l’activité de l’économie. Je dirais que les taux d’intérêt restent peut-être d’un tiers à la moitié inférieurs à ce qu’ils devraient être normalement. En d’autres termes, la pente de la courbe de rendement se trouve maintenant environ à mi-chemin du niveau où elle devrait être, ou tout au plus aux deux tiers de celui qu’elle aurait d’ordinaire en présence d’une telle activité économique.
Nous avons constaté que la courbe de rendement s’est redressée après l’annonce de nouveaux plans de relance et des progrès réalisés au chapitre de la vaccination, ce qui a entraîné une certaine rotation au sein des secteurs cycliques qui rapportaient. Par exemple, les services financiers ont fait piètre figure dans le contexte de faibles taux d’intérêt que nous avons connu. Or, comme je viens de le mentionner, les taux ont commencé à monter rapidement en octobre, novembre et décembre de même que cette année, suffisamment pour que ce secteur redevienne attrayant.
Je sentais que nous avions avantage à éviter la finance en janvier et en février 2020. Nous avons bien fait de nous tenir à l’écart, car elle a piqué du nez. Comme la hausse des taux lui a redonné du lustre, nous avons pu y investir de nouveau. Nous avons également constaté que d’autres sociétés cycliques, notamment les technos, ont marqué une pause après avoir bien fait en 2020.
Au sein de la technologie, qui est un secteur cyclique, nous avons assisté à une rotation, les sociétés très résilientes de logiciels et de services ayant cédé leur place à celles de semi-conducteurs, qui s’avèrent encore plus cycliques. Ces dernières ont profité de l’augmentation de la production automobile et industrielle ainsi que de la demande accrue de puces électroniques pour les machines-outils.
Je n’entrerai pas dans les détails, mais si on examine de plus près les segments de marché qui ont affiché la meilleure tenue depuis septembre ou octobre 2020, c’est-à-dire les segments les plus cycliques de tout secteur, on remarque qu’ils ont réagi à la hausse d’activité découlant de l’assouplissement des mesures de confinement. Les taux d’intérêt ont monté et les programmes de vaccination ont accéléré.
Mark Brisley : C’est un point intéressant, car vous avez parlé de rotations, sujet dont on entend beaucoup parler depuis quelque temps. Il y a des périodes où les investisseurs achètent les titres les plus malmenés et larguent les meneurs. Vous en avez donné quelques exemples, mais croyez-vous que ces rotations présagent de ce qui nous attend à mesure que les économies rouvriront et que la reprise se confirmera?
David Fingold : Cela dépend vraiment des secteurs. On a vu le cours boursier d’entreprises en grande difficulté grimper de manière spectaculaire. Il se pourrait qu’ils montent davantage si les spéculateurs ont encore des positions vendeur à couvrir. Je vais poser une question rhétorique. Est-ce que les centres commerciaux et les galeries marchandes éprouvaient déjà des difficultés dans le passé, par exemple en 2017, 2018 et 2019? Il ne fait aucun doute que l’activité peut reprendre dans les centres commerciaux, mais la tendance était au déclin à long terme.
Nous recherchons les sociétés dont les titres sont offerts au rabais en raison du contexte actuel, mais qui finiront par se redresser. En fait, il s’agit du défi le plus grand auquel nous sommes confrontés aujourd’hui en matière d’élaboration de portefeuille, à savoir dans quelle mesure nous devrions participer à ces entreprises qui ont eu un deuxième trimestre désastreux en 2020, tous leurs magasins ou leurs cinémas ayant été fermés, par exemple. Or, leurs chiffres vont indiquer une énorme augmentation au deuxième trimestre de cette année, mais simplement parce que certaines de leurs activités ont repris, alors que tout était en pause à cette même période en 2020.
Cependant, la comparaison risque d’être moins avantageuse quand nous mettrons en parallèle les données du deuxième semestre, étant donné que ces entreprises avaient commencé à rouvrir à pareille période l’an dernier. La comparaison pourrait s’avérer impossible lorsqu’il sera question de leurs résultats du premier semestre de 2022. Nous cherchons de véritables occasions à long terme. Nous ne voulons pas des titres que nous pouvons acquérir aujourd’hui, ou que nous aurions peut-être dû acheter en novembre, et que nous devrons liquider avant le 30 juin, car ils risquent de subir un certain ralentissement. Voilà le type de placement qui ne nous intéresse pas.
Il importe en ce moment de trouver des entreprises qui pourront tirer leur épingle du jeu au second semestre cette année, en 2022 et en 2023. Voilà où réside le défi, selon moi. Vous m’avez demandé si on pouvait s’attendre à davantage du thème des réouvertures? Cela dépendra des spéculateurs, s’ils ont été forcés de couvrir leurs positions à découvert sur des titres d’entreprises durement touchées. Les sociétés qui se trouvaient sur une pente descendante à long terme pourraient reprendre de la vigueur. Or, si elles poursuivent leur longue glissade, cela voudra dire qu’il ne s’agissait pas de placements solides. Est-ce que la situation continuera à s’améliorer pour les sociétés qui profiteront de la réouverture et qui connaissent une croissance à long terme? La réponse est oui, à mon avis.
Nous pensons qu’une sélection rigoureuse s’avère nécessaire. En effet, si on examine le marché, en particulier en novembre, on constate que les actions qui se sont démarquées le plus étaient émises par des sociétés affichant les modèles d’affaires les moins solides. Il n’y a pas beaucoup d’avenir là. Or, ce n’est pas une raison de voir tout en noir, car ensemble, ces titres ne représentaient pas une part énorme de la capitalisation boursière. Nous nous concentrons sur les perspectives à long terme, qui sont très prometteuses.
Si, à court terme, certains investisseurs s’enthousiasment pour une chaîne de cinémas, qu’ils le fassent, mais la fréquentation des salles diminue depuis longtemps. La demande augmentera sans doute, sur le coup, à la réouverture des cinémas, mais nous ne voyons pas ce qui inciterait les gens à se précipiter à nouveau dans les salles, alors qu’ils les désertaient de plus en plus dans les trois années précédant la pandémie.
Mark Brisley : Des stimulants sans précédent ont été injectés dans le système aux États-Unis. J’écoutais une émission ce matin, et j’ai entendu le commentaire suivant : comment les marchés boursiers pourraient-ils trébucher avec autant de liquidités? Comment voyez-vous la situation à long terme?
David Fingold : D’abord, je pense qu’effectivement, les injections de stimulants et de liquidités s’avèrent favorables aux actions. Toutefois, je crois également que les investisseurs doivent bien faire la différence entre la réalité et ce qu’ils entendent aux nouvelles. En fait, beaucoup d’argent provenant des programmes de relance antérieurs n’a pas été dépensé.
Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu de mesures massives, bien au contraire, mais les grosses sommes annoncées n’ont pas été utilisées. Par ailleurs, il y a eu beaucoup d’annonces récemment. Encore une fois, de gros chiffres ont fait la une. Le programme des États-Unis n’est pas encore approuvé. Lorsque la loi le régissant sera passée, nous connaîtrons la somme en jeu. Or il faut comprendre que, par exemple, les infrastructures sont sous l’autorité des États et non du gouvernement fédéral, qui, lui, a seulement la liberté de fournir des fonds de contrepartie.
La plupart des États ont des lois sur l’équilibre budgétaire ou des clauses sur la question dans leur constitution. L’économie s’améliore, donc les États disposeront de recettes fiscales accrues en plus des fonds fédéraux de contrepartie. Toutefois, l’idée que d’énormes sommes iront dans les infrastructures à court terme n’a vraiment aucun sens selon moi.
Je suis optimiste à l’égard des infrastructures, mais je ne m’attends pas à ce que tout cet argent soit dépensé bientôt. Pour être franc, il faudra des années pour en utiliser une bonne partie, compte tenu de certains paramètres juridiques et organisationnels. Par ailleurs, outre l’autorisation des fonds, il faudra obtenir l’approbation des projets.
Par exemple, nous avons entendu que les infrastructures ont le soutien des deux partis, mais pas le pont vers le Canada, ni le métro à San Francisco, ni, apparemment, les pipelines, qui ne sont pas considérés comme des infrastructures. D’ailleurs, la première chose que le président a faite en arrivant au pouvoir a été d’annuler l’oléoduc Keystone XL.
Bref, les gros chiffres font la manchette. Je suis certain que les dépenses publiques augmentent, mais je ne sais pas si elles montent aussi vite que tout le monde le dit. Je pense qu’avant de s’inquiéter de l’ampleur du plan de relance, les gens devraient se demander si l’argent sera vraiment dépensé. Le taux d’épargne demeure très élevé; il atteint presque un niveau record. L’une des façons d’accroître la demande finale serait que le gouvernement émette des obligations pour emprunter cette épargne et ensuite l’utilise. Or, dépenser de l’argent n’est pas aussi facile qu’il y paraît.
Mark Brisley : Je vous entends parler d’infrastructures et cela m’amène à penser à l’annonce faite par le président Biden la semaine dernière et aussi à vos portefeuilles.
Le plan d’infrastructures annoncé la semaine dernière influence-t-il votre point de vue sur les secteurs dont vous vous tenez à l’écart depuis quelques années, notamment l’énergie, l’immobilier et les services publics? Y a-t-il d’autres secteurs qui sont devenus peu attrayants pour vous au cours de la pandémie?
David Fingold : Notre opinion sur les services publics n’a pas beaucoup changé. Le hic avec les actifs de ce secteur, c’est qu’ils sont à la merci des autorités de réglementation. On a besoin de moyens pour stocker l’énergie ou de bobines de compensation, puisque le solaire et l’éolien ne fournissent pas d’énergie en continu. Toutefois, quand on investit dans des services publics, disons pour améliorer la qualité du réseau électrique, l’utilisation de l’énergie verte ou le stockage, l’entreprise doit s’adresser aux organismes de réglementation pour obtenir un certain rendement sur le capital investi en augmentant les tarifs. Or, les autorités ne veulent pas le faire, par peur de se mettre la population à dos, car elles sont généralement dirigées par des élus ou des gens nommés par des élus qui pensent à leur réélection.
Je ne veux pas être responsable d’une hausse de la facture des contribuables. Idéalement, nous évitons les services publics. Nous participons à des sociétés qui investissent dans des projets figurant parmi les priorités des autorités. Berkshire Hathaway constitue un bon exemple. Beaucoup de gens oublient qu’elle possède Berkshire Hathaway Energy (BHE), l’une des plus importantes entreprises de services publics à l’échelle planétaire. BHE se targue d’être le plus grand exploitant de parcs éoliens et solaires dans le monde.
Elle ne mettra pas en service des installations à moins qu’on lui garantisse un certain taux de rendement à long terme. Lorsqu’elle obtient son prix, elle s’engage à fond. Elle n’a pas à verser de dividende à Berkshire Hathaway. Elle conserve tous les flux de trésorerie générés, car M. Buffett croit que le taux de rendement exigé des autorités de réglementation est suffisamment élevé pour justifier le réinvestissement de toutes ces liquidités.
BHE représente une occasion de croissance attrayante à nos yeux. Il se trouve qu’elle est une société privée faisant partie de Berkshire Hathaway. J’espère que cet exemple vous donne une idée de notre point de vue sur les services publics. Nous ne sommes pas contre ce secteur; nous voulons simplement nous assurer de participer aux projets qui nous permettent de toucher un rendement raisonnable et d’investir dans l’énergie du futur.
Je tiens aussi à souligner que les services publics et l’immobilier sont habituellement très sensibles aux taux d’intérêt. J’ai mentionné plus tôt que les taux pourraient augmenter de 30 à 50 % juste pour atteindre des niveaux normaux par rapport à la production industrielle, à la croissance du produit intérieur brut et aux indices des gestionnaires en approvisionnement. Or, l’histoire nous enseigne que les services publics et l’immobilier ont tendance à faire piètre figure dans un contexte de hausse des taux d’intérêt. Ce ne sont tout simplement pas de bons endroits où investir.
En ce qui concerne l’énergie, je vois le solaire et l’éolien d’un assez bon œil. J’aime aussi les combustibles fossiles, mais comme pour toute chose, nous préférons participer aux sociétés qui fournissent les « pics et les pelles ». Les combustibles fossiles soulèvent des questions intéressantes, car ils en arrachaient il y a douze mois. Le prix du pétrole était passé en territoire négatif, tandis que les activités des fournisseurs de pics et de pelles se trouvaient au point mort. Comme ces fournisseurs partent de loin, ils pourraient enregistrer une croissance assez rapide s’ils se mettent à recevoir des commandes.
Certains domaines nous emballent. Nous n’investissons pas seulement dans des sociétés qui fabriquent le matériel nécessaire aux panneaux solaires et aux éoliennes, mais aussi dans celles qui fournissent des compresseurs ou d’autres types d’équipements destinés à la production de pétrole et de gaz. Le gaz naturel ne surgit pas du sol avec une pression suffisante pour un gazoduc. Il doit donc être comprimé.
Nous investissons également dans des entreprises qui font des génératrices. Nous venons de voir au Texas qu’une vague de froid a mis le réseau électrique hors service. À mon avis, tous les puits de pétrole ont besoin d’une génératrice ou courent le risque de tomber en panne lors d’un événement météorologique. Nous détenons des titres d’une entreprise qui fabrique des équipements de chauffage électrique utilisés par des services publics, des usines chimiques, des raffineries ainsi que des installations pétrolières et gazières, tant en amont qu’en aval. Toutes ces installations ont gelé au Texas.
Je m’attends, à la lumière des événements météorologiques, qu’il y ait de très nombreuses demandes de soumissions et, par la suite, une hausse des commandes, car l’aménagement des installations pour l’hiver s’amorce. Nous aimons les fournisseurs de matériel. Je pense que dans une économie en croissance, où nous prenons à peine nos voitures ou l’avion, le prix du pétrole, qui se chiffre déjà à 60 $, peut augmenter. Je ne sais pas de combien, mais je constate qu’il y a une demande pour les pics et les pelles. Les rendements des entreprises qui les fournissent parlent d’eux-mêmes.
Mark Brisley : Vous avez aussi parlé de la montée des taux d’intérêt. Je ne dirais pas que l’inflation suscite des craintes, mais elle retient certainement beaucoup d’attention. Je pense que le président Powell a fourni des indications prospectives assez précises récemment et qu’avant de faire des changements, la Fed attend que l’inflation se fasse réellement menaçante. Il est question ici d’un taux d’inflation à dix ans de 1,6, 1,7 %, ce qui est jugé élevé. Que pensez-vous des taux d’intérêt ainsi que des anticipations inflationnistes et comment ces facteurs influencent-ils votre point de vue sur les actions?
David Fingold : Les entreprises en portefeuille peuvent relever leurs prix si l’inflation monte et pour être franc, elles les maintiennent dans un contexte de déflation ou de désinflation. Le pouvoir de fixation des prix est génial. La commission d’enquête sur la crise financière a demandé à M. Buffett ce qu’il recherche dans une entreprise. Il a répondu que c’était le pouvoir de fixation des prix. Je suis tout à fait d’accord avec lui sur ce point.
Il a dit qu’il avait déjà investi dans des entreprises qui avaient dû tenir des « réunions de prière » pour augmenter leurs prix et que ça n’avait pas été une expérience très agréable. Comme vous le savez, j’ai travaillé dans l’exploitation auprès d’une société de produits de base où j’ai exercé les fonctions de preneur de prix. Je sais exactement à quoi ressemble ce genre de réunion. Je ne veux pas retourner sur ce territoire.
Je ne consacre pas beaucoup de temps à réfléchir à l’inflation. Si elle fait son apparition, les bonnes entreprises qui détiennent un pouvoir de fixation des prix en bénéficieront, et les taux d’intérêt devraient monter en conséquence, comme vous l’avez mentionné. Les investisseurs oublient souvent qu’il y a à peine 12 à 24 mois, nous redoutions la déflation et une stagnation séculaire.
Le président de la Fed, Jerome Powell, affirme qu’il va laisser les anticipations inflationnistes augmenter fortement, ce qui me semble parfaitement logique, puisque son prédécesseur et lui tentaient de calmer les gens il n’y a pas si longtemps à propos de la déflation.
Le gouverneur Kashkari a été très clair : lors des précédentes périodes d’expansion économique, la Fed a resserré la vis trop tôt, soit avant que les travailleurs découragés soient revenus sur le marché de l’emploi. En fait, je pense que M. Kashkari est allé jusqu’à dire que la Fed est passée à l’action juste au moment où les employeurs commençaient à engager des travailleurs découragés noirs et hispaniques.
Je pense que cette fois-ci, le grand argentier veut vraiment ramener les travailleurs découragés dans la population active. La différence entre les taux de chômage U3 et U6 le montre bien. À mon avis, avant de faire des changements, la Fed aimerait que le taux U6, la mesure la plus large, soit beaucoup plus faible et le taux d’activité, beaucoup plus élevé. C’est ce que j’en déduis en tout cas.
Je sais que les détenteurs de titres à revenu fixe ne veulent pas se faire dire que l’inflation pourrait saper leur pouvoir d’achat. Le chômage de longue durée nous préoccupe tous. Plusieurs gouverneurs de la Fed, y compris Janet Yellen, actuelle secrétaire d’État et ancienne présidente de la Fed, en parlent très sérieusement. Je m’attendrais à ce qu’il fasse partie du cadre de la politique. C’est une aspiration. La Fed tente d’atteindre la cible de 2 % depuis très longtemps.
Mark Brisley : David, parlons maintenant du crédit, l’autre terme de l’équation. Il s’agit d’un élément clé de votre processus de sélection des actions. Quelles sont vos observations sur les marchés du crédit? Se comportent-ils de manière habituelle?
David Fingold : Les marchés du crédit se comportent exactement de la façon attendue dans les circonstances. Comme je l’ai mentionné précédemment, je pense que nous nous trouvons au début de la phase de reprise. En général, les marchés du crédit tendent à avancer presque jusque dans les dernières manches de l’expansion économique. Si l’on se remémore le cycle des années 2000, les écarts de crédit se sont améliorés jusqu’à la fin de 2006, soit plus de trois ans après le début de l’expansion.
Le cycle s’est terminé deux ans plus tard. Il y a donc eu deux années de détérioration sur les marchés du crédit avant la fin. Je pense que nous sommes encore en début de cycle, ou tout au plus au milieu. C’est ce que le marché du crédit nous indique. Cela signifie également que la croissance pourrait et devrait grimper, parce que les entreprises et les ménages ont amplement accès au crédit.
Récemment, j’ai consulté les statistiques sur le crédit à la consommation. On entend parler de la croissance de la dette des ménages à la télévision et dans les journaux. Les chiffres sont certes très élevés, mais les gens oublient de tenir compte de l’effet de base. Ils oublient aussi que les soldes hypothécaires au pays représentent de 10 à 12 billions $, mais que la démographie justifierait qu’ils totalisent 15 billions $.
Le crédit aux consommateurs et aux entreprises peut donc monter encore passablement. En ce qui concerne la sélection des titres, notre approche est très simple. J’investis dans les capitaux propres d’une société. Rappelons-nous les principes financiers de base. Les actionnaires essuient la première perte. C’est seulement quand les détenteurs d’actions ont été complètement lessivés que les porteurs d’obligations, les banques et les autres créanciers risquent de perdre de l’argent.
Nous procédons donc à une analyse de crédit pour chacune des entreprises dans lesquelles nous investissons. Nous n’avons jamais placé nos billes dans une société qui a fait faillite. La qualité du crédit est peut-être le critère auquel nous accordons le plus de poids quand nous recherchons des sociétés de grand calibre. Les deux autres sont la rentabilité et la constance de cette rentabilité. Nous nous spécialisons dans la recherche de qualité. Récemment, en novembre, mais aussi en mai 2020, les entreprises de plus faible qualité ont très bien fait.
On les avait condamnées à mort, mais leurs peines ont été commuées. Le contexte de forte abondance du crédit nous pousse à l’optimisme. Bien que je vous aie fait part de certaines inquiétudes concernant le chômage à long terme et les embûches dans l’adoption de stimulants, je tiens à préciser une chose : nous sommes optimistes. Nous ne voyons pas de drapeaux rouges en ce moment.
Mark Brisley : En raison de votre optimisme, nous avons récemment lancé le Fonds international de découverte Dynamique et un fonds négocié en bourse, soit le FNB actif international Dynamique, que vous gérez en collaboration avec Peter Rosenberg. Les marchés hors de l’Amérique du Nord en général et des États-Unis en particulier suscitent beaucoup d’intérêt. Où trouvez-vous des occasions en dehors de l’Amérique du Nord? Commencez-vous à pencher davantage en faveur des titres internationaux dans le cadre de vos mandats mondiaux comme le Fonds mondial de dividendes Dynamique et le Fonds mondial de répartition d’actif Dynamique?
David Fingold : Nous sortons tout juste d’une longue période où les États-Unis ont dominé. Je me souviens qu’entre 2016 et 2020, les conseillers me demandaient souvent combien de temps le surrendement des actions américaines pouvait encore durer. Je leur répondais qu’en cas de marché baissier, les bourses américaines resteraient en tête, en reculant moins que les autres, mais que par la suite, les parquets internationaux prendraient le relais. Nous pensons que c’est ce qui s’est produit l’année dernière.
Les marchés internationaux contiennent plus de secteurs cycliques, en pourcentage global de leur capitalisation boursière, que leur homologue américain. Les industries, l’énergie, la finance et les matériaux y sont simplement mieux représentés. Nous estimons donc que les marchés internationaux, plus cycliques, recèlent de bonnes occasions étant donné la conjoncture et qu’ils pourraient dégager des rendements supérieurs, du moins jusqu’à ce que nous atteignions le milieu du cycle.
D’ailleurs, presque tous les investisseurs à qui j’ai parlé ont un portefeuille qui surpondère lourdement les États-Unis et cherchent à le diversifier un peu. Je trouve que c’est plein de bon sens, car personne ne devrait mettre tous ses œufs dans le même panier.
Vous avez demandé quelle répartition nous privilégions dans le cadre de nos fonds mondiaux. Tant que les États-Unis se trouvaient en tête des rendements, nous accordions une bonne place aux actions américaines. Au début de 2020, le Fonds mondial de dividendes Dynamique comportait quelque 75 % de contenu américain. À la fin de l’année, cette proportion avait considérablement baissé. Je dirais qu’elle se situait peut-être entre 40 et 45 %.
Nous avons dirigé certaines sommes vers les marchés internationaux, mais il faut garder en tête que le marché boursier américain est le plus important au monde et aussi le moins volatil. Pour ces raisons, il constitue le pilier de nos fonds d’actions mondiales, surtout ceux qui ont un profil de risque faible à modéré ou modéré. Le lancement d’un fonds international tombe à pic à notre avis, alors que les marchés internationaux prennent le relais.
En fait, je repense aux conversations que nous avons eues au sujet du lancement du Fonds international de découverte Dynamique. Nous avons choisi le moment du lancement dans l’espoir de bénéficier de vents favorables, et nous avons vu juste. En ce moment, nous trouvons de la valeur dans les secteurs cycliques, évidemment. Les services financiers et les industries sont très bien représentés dans le portefeuille, tout comme les biens de consommation durables. Nous avons la chance de pouvoir investir dans certaines des meilleures institutions financières au monde.
En sortant de l’Amérique du Nord, nous avons accès à des segments qui nous échapperaient autrement. Les banques privées, type d’entreprise inventé par les Suisses, en sont un bon exemple. Par ailleurs, certaines des sociétés de biens de luxe les plus prisées se trouvent en Europe, notamment dans le créneau de la maroquinerie et des sacs à main, mais aussi de la parfumerie et des spiritueux. Nous détenons un titre de producteur de cognac, une appellation d’origine contrôlée française.
Certains chefs de file des cosmétiques sont également établis à l’international. Nous nous attendons à ce que ce segment profite de la reprise. Certaines personnes se maquillent pour leurs appels Zoom, mais les ventes de cosmétiques rebondiront sans doute fortement quand les centres d’achats, les restaurants et les bureaux seront de nouveau fréquentés. Voilà donc un aperçu de certains des thèmes qui ont retenu notre attention.
L’assurance commerciale constitue un nouveau terreau fertile pour nous. Les assureurs aux entreprises ont reçu plus de déclarations de sinistre l’année dernière vu les pertes d’exploitation et les catastrophes naturelles. Dans un contexte où tous les assureurs doivent verser beaucoup de remboursements aux clients, les prix sont appelés à augmenter. En Europe, il est beaucoup plus facile de participer à l’assurance des entreprises sans s’exposer à l’assurance de personnes.
Nous ne voulons pas participer aux produits qui s’adressent aux particuliers, car il est difficile de monter les prix quand personne ne prend sa voiture et qu’il y a très peu d’accidents. Grâce à notre accès à l’Europe, nous pouvons prendre part seulement à la partie du marché de l’assurance qui s’améliore.
Nous investissons aussi toujours à Israël, notamment dans certaines des meilleures sociétés de technologies au monde. Nous avons remis les pieds dans le segment des fertilisants par l’entremise d’un producteur de potasse israélien. Dead Sea Works Ltd. exploite à faible coût la réserve de potasse ayant la plus longue durée de vie de toutes, la mer Morte. Nous avons eu la latitude d’investir dans cette entreprise et en sommes ravis.
Lancer un nouveau fonds et avoir une foule d’occasions de placement s’avère toujours très excitant. Le fonds comporte nos meilleures trouvailles. Il comprend certaines des sociétés que nous détenons depuis longtemps dans le cadre de nos fonds mondiaux, mais aussi de nouvelles idées. Après tout, il s’agit de notre premier produit exclusivement international.
Mark Brisley : Vos commentaires dénotent clairement votre optimisme. Vous vous plaisez souvent à dire que vous êtes un optimiste, parce que vous n’avez jamais rencontré de riches pessimistes. Je sais que cette phrase n’est pas de vous, mais elle est l’une de mes préférées. Voici ma dernière question avant de clore ce balado. Est-ce que quelque chose vous empêche de dormir sur vos deux oreilles?
David Fingold : Les boxeurs disent qu’on ne voit pas venir le coup qui sonne, car il arrive par-derrière. Beaucoup de choses m’inquiètent, mais ce ne sont pas celles-là qui causeront un réel choc. Il est très difficile d’anticiper avec exactitude le prochain problème. Personne n’avait prédit les attentats du 11 septembre, ni la première ou la deuxième guerre du Golfe, ni la pandémie de COVID-19.
Il arrive que des gens annoncent des événements à répétition jusqu’à ce qu’ils finissent par avoir raison. J’ai étudié au Babson College et son fondateur, Roger Babson, a prédit la grande dépression, mais il a vu juste à sa quatrième ou cinquième tentative. Je dirais que c’est la raison pour laquelle nous sommes prudents. L’argent que je gère se trouve principalement dans des fonds affichant un niveau de risque « faible à moyen ». Selon la définition, l’écart-type des rendements des fonds doit se maintenir entre 6 et 12 %.
Nous devons donc demeurer prudents, être prêts à relever l’encaisse et choisir des entreprises de grande qualité. Prudence ne veut pas dire pessimisme. Nous avons bon espoir qu’il sera possible de dégager des résultats intéressants à l’avenir.
J’aimerais vraiment pouvoir dire quelle menace devrait nous inquiéter. Auparavant, je mentionnais ma crainte qu’un énorme astéroïde détruise la terre. Cependant, je viens de lire dans un journal scientifique que la NASA, en prévision d’un tel événement, expérimente des techniques pour faire dévier un corps céleste. Peut-être que nous pouvons rayer cette catastrophe de la liste!
Mark Brisley : Je ne m’attendais effectivement pas à ça. Comme toujours, ce fut un plaisir de discuter avec vous. J’apprécie vraiment votre point de vue et vos opinions éclairées. Nous aimons définitivement votre optimisme, mais aussi le réalisme dont vous faites preuve et qui se reflète dans vos mandats. Merci d’avoir pris le temps de vous joindre à nous.
David Fingold : Je vous en prie.
Mark Brisley : Je tiens à remercier tous nos auditeurs d’avoir écouté ce nouvel épisode de la série On the Money. Pour en savoir plus sur un sujet abordé dans ce balado ou sur Fonds Dynamique, visitez-nous à dynamique.ca. Bien entendu, nous vous encourageons à faire appel à un conseiller financier qualifié, qui représente une excellente source d’information. Au nom de Fonds Dynamique, je vous remercie d’avoir été des nôtres. Soyez prudents et prenez bien soin de vous.
Vous venez d’écouter un autre balado On the Money de Fonds Dynamique. Pour en savoir davantage sur Dynamique et sa gamme complète de fonds, communiquez avec votre conseiller financier ou visitez notre site Web à dynamique.ca.
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