PARTICIPANTS
Mark Brisley
Directeur général et chef, Fonds Dynamique
Domenic Bellissimo
Vice-président et gestionnaire de portefeuille
PRESENTATION
Mark Brisley : Vous écoutez On The Money de Fonds Dynamique, une série de balados qui vous donne accès à certains des portefeuillistes les plus aguerris en gestion active ainsi qu’à des maîtres à penser dans le domaine de la finance. Lors de nos rencontres, nous posons à nos invités des questions pertinentes afin de connaître leur point de vue sur la conjoncture et de recueillir leurs conseils sur la manière de composer avec le contexte actuel.
Bienvenue à un autre balado On the Money. Je suis Mark Brisley. Les investisseurs relèguent souvent les placements à revenu fixe au second plan, les actions paraissant plus intéressantes à leurs yeux.
La récente tendance haussière des marchés vient renforcer cette opinion, quoique bon nombre d’investisseurs soutiendront que les parquets poursuivent leur course depuis 2009. Plus les populations et les épargnants vieillissent, plus les titres à revenu fixe gagnent en importance. À l’approche de la retraite, le sujet de conversation prioritaire devient l’élaboration d’un portefeuille efficace visant la préservation du capital tout en fournissant des revenus suffisants. Les investisseurs devraient-ils se montrer prudents dans certains segments du marché?
Où se trouvent les occasions en ce moment? Comment les marchés à revenu fixe réagiront-ils quand les banques centrales assoupliront leurs politiques monétaires? Et, la grande question : les portefeuilles traditionnels composés à 60 % d’actions et à 40 % d’obligations ont-ils toujours leur raison d’être? Les titres à revenu fixe, ou disons plutôt les obligations pour simplifier les choses aux fins de la discussion, demeurent une composante essentielle de tout portefeuille, car elles contribuent à combler les besoins de revenus et à protéger le capital. Elles ont toujours joué ce rôle. Des maîtres comme Benjamin Graham, grand économiste et père de la stratégie de placement axée sur la valeur, ont fait valoir il y a longtemps qu’une combinaison d’actions et d’obligations convenait aux investisseurs se trouvant à une étape plus avancée de la vie.
Je suis heureux de m’entretenir aujourd’hui avec le gestionnaire de portefeuille Dominic Bellissimo, qui nous aidera à démêler tout ça. Membre pivot de l’équipe responsable des titres à revenu fixe de base, Domenic dirige le groupe torontois chargé des titres de créance, qui gère environ 5 milliards $. Comptant 25 ans d’expérience, il possède de vastes connaissances et une méthode d’analyse rigoureuse des titres de sociétés nord-américaines. En outre, il se passionne pour cette catégorie d’actif et aime transmettre son savoir. Domenic, nous sommes ravis de vous accueillir. Je vous pose tout de suite la première question. Qu’est-ce que les investisseurs doivent savoir à propos des obligations?
Domenic Bellissimo : Les obligations représentent une part très importante de l’univers des placements, mais elles sont loin d’attirer autant d’attention que les actions. Pourtant, elles s’avèrent essentielles au bon fonctionnement des marchés des capitaux. En fait, la plupart des gens seraient surpris d’apprendre que le marché obligataire est plus imposant à l’échelle mondiale que son homologue boursier. Maintenant, en termes simples, disons que les obligations sont des titres qui obligent l’émetteur à rembourser le montant emprunté et à verser des intérêts. Ceux qui ont eu l’occasion d’emprunter de l’argent à une banque, ou de contracter un prêt hypothécaire, savent de quoi il s’agit. Le concept est très similaire.
Alors que les sociétés émettent souvent une seule catégorie d’actions, elles peuvent émettre de nombreuses obligations, qui présenteront des caractéristiques différentes, comme la date d’échéance, le paiement des coupons et les clauses restrictives, c’est-à-dire les modalités de remboursement. Les émetteurs varient aussi beaucoup. Il peut s’agir de gouvernements fédéraux ou provinciaux ou encore de sociétés à travers le monde.
Mark Brisley : Qu’est-ce qui rend les obligations attrayantes alors?
Domenic Bellissimo : Eh bien, il y a plusieurs choses qui ressortent. D’abord, les obligations fournissent un flux de revenus constants, soit les revenus des coupons. Ensuite, elles ont tendance à fluctuer moins que les actions pour différentes raisons. Premièrement, elles comportent une échéance fixe. Vous savez donc que si tout va bien, vous allez récupérer votre capital à l’échéance, ce qui n’est pas le cas pour les actions, qui représentent un droit de propriété et permettent de participer aux flux de trésorerie à long terme d’une société. En cas de faillite, les détenteurs d’obligations sont remboursés avant les actionnaires. Les obligations occupent un rang plus élevé dans la structure du capital, et ce rang prioritaire a aussi une valeur.
Mark Brisley : À l’inverse, qu’est-ce qui rend les obligations moins intéressantes pour les investisseurs?
Domenic Bellissimo : Le facteur le plus important, c’est le risque asymétrique, c’est-à-dire le potentiel de hausse par rapport au risque de baisse. Quand on achète une obligation, on obtient un flux de revenus plus stables et la promesse de l’émetteur de rembourser le capital en temps voulu, mais en contrepartie d’un potentiel de hausse moindre. Lorsqu’un investisseur achète une nouvelle émission et qu’il la conserve jusqu’à l’échéance, il reçoit les versements de coupons et le capital, rien de plus, ce qui constitue son rendement.
Le potentiel de hausse est assez limité. Cela dit, si un émetteur, qu’il s’agisse d’une société ou d’un gouvernement, déclarait faillite et avait du mal à tenir ses engagements, les détenteurs d’obligations risqueraient de perdre une partie de leur capital.
Mark Brisley : Parlons-en un peu plus. Pouvez-vous nous en dire davantage sur la place que les obligations occupent dans la structure du capital et peut-être aussi sur la structure du capital elle-même?
Domenic Bellissimo : Quand on regarde la structure du capital, c’est surtout pour comprendre la priorité de paiement. La structure comprend les actions, qui confèrent un droit de propriété aux actionnaires, puis les créances et les créanciers, comme les détenteurs d’obligations ou les banques. En cas de faillite, soit dans un scénario extrême où la société doit fermer ses portes et liquider ses actifs, les créanciers, qui occupent un rang plus élevé dans la structure du capital, ont priorité sur les propriétaires.
Les détenteurs d’obligations ont préséance sur les actionnaires de la société. Dans le cas d’une liquidation, ils recevront un paiement proportionnel à la valeur des actifs restants après les créances prioritaires. Les actionnaires se trouvent après eux dans le classement. Il s’agit d’un point positif pour les détenteurs d’obligations. C’est plus rassurant à long terme pour eux de savoir qu’ils seront payés avant les actionnaires.
Mark Brisley : C’est intéressant, en effet, Domenic. Quand il est question d’obligations, je pense que la plupart des gens pensent à la sécurité, et peut-être moins aux risques. Pourtant, cette catégorie d’actif comporte aussi des risques, qui semblent souvent plus complexes. Pouvez-vous nous parler brièvement des facteurs à considérer?
Domenic Bellissimo : Bien sûr. Il y a bel et bien des risques. Tous les investisseurs doivent les connaître et savoir comment ils peuvent se répercuter sur leurs placements. Je vais me pencher sur deux risques importants, soit ceux de taux d’intérêt et de crédit. Le risque de taux d’intérêt correspond à l’effet des fluctuations des taux d’intérêt ou de rendement sur la valeur d’une obligation. Lorsque le taux de rendement augmente, le prix de l’obligation diminue, et vice versa.
Quand les taux de rendement chutent, les cours obligataires grimpent. Les investisseurs doivent être conscients de ce risque et de la façon dont il évolue avec le temps. Quant au risque de crédit, il concerne surtout la capacité de l’emprunteur à rembourser sa dette en temps voulu. Quelle est la solvabilité de l’emprunteur? En général, les gouvernements n’ont pas de mal à respecter leurs engagements. C’est pratiquement automatique. Par contre, ce n’est pas le cas de tous les types d’émetteurs.
La solvabilité varie grandement d’une société à l’autre et peut aussi changer au fil du temps. Il est important de savoir si la solvabilité d’un emprunteur s’améliore ou se détériore. Comment évolue-t-elle et à quoi peut-on s’attendre?
Mark Brisley : Comment ces deux risques se sont-ils manifestés ces dix dernières années?
Domenic Bellissimo : Les choses ont bien changé au cours de la dernière décennie. En fait, depuis la crise financière mondiale de 2008, les risques d’intérêt et de crédit ont tous deux nettement augmenté. Les investisseurs doivent comprendre ce qui se passe. Ils sauront mieux ce qui les attend dans l’avenir s’ils ont une bonne compréhension du passé. Les indices de référence des obligations, qui sont une approximation du marché global, donnent une bonne idée des risques.
Commençons par le risque de taux d’intérêt. Les taux de rendement, ou les taux d’intérêt, ont décliné graduellement depuis le début des années 1980 et atteint des creux inégalés depuis la crise financière mondiale. En fait, ils ont touché des planchers sans précédent durant la pandémie. Tous les emprunteurs, sociétés et gouvernements confondus, ont alors profité de la baisse des coûts d’emprunt.
Lorsque leurs obligations à disons 5 ou 10 ans sont arrivées à échéance, ils les ont remplacées par des émissions à plus longue échéance. Les coupons sont plus faibles, mais ils ont pu prolonger leur terme de 10 ans ou même de 30 ans, dans bien des cas. Le risque de taux d’intérêt au sein du marché a par conséquent augmenté, car il y a maintenant beaucoup plus d’obligations à 10, 20 ou 30 ans, voire à plus long terme. En tant qu’investisseur, on doit savoir que le risque de taux d’intérêt est plus important qu’avant.
Le risque de crédit a aussi beaucoup augmenté depuis la crise financière mondiale. Il y a plus de tout. Plus de sociétés ont emprunté sur les marchés publics. Les banques ont été bien moins enclines à consentir des prêts qu’avant la crise, ce qui explique en grande partie la situation. À vrai dire, elles prêtent moins et elles incitent les sociétés à se tourner vers les marchés publics. Nous voyons donc plus d’entreprises cogner aux portes des marchés, des entreprises de tout acabit qui, dans de nombreux cas, présentent une notation plus faible ou un risque de crédit supérieur, non pas parce qu’elles sont nécessairement mauvaises ou risquées, mais simplement parce qu’il y a plus de risque qu’avant la crise financière. Sur le marché canadien des obligations de qualité, les entreprises les moins bien notées se retrouvent dans la catégorie BBB. Avant la crise, cette catégorie représentait environ 18 % de l’ensemble du marché des obligations de sociétés au pays.
Or, elle accapare plus de 40 % du marché aujourd’hui. Bref, on compte plus d’émetteurs de nos jours, et plus de sociétés qui ont une notation plus faible ou qui ont subi une décote et sont tombées dans une catégorie inférieure. Les risques de crédit se sont accrus, et on doit pouvoir les comprendre et les gérer.
Mark Brisley : Bien. C’est une excellente vue d’ensemble. Comme vous le dites, les investisseurs qui veulent un portefeuille à revenu fixe doivent être conscients de la façon dont ces risques évoluent. Quelles sont les conséquences réelles pour les détenteurs d’obligations?
Domenic Bellissimo : Il y en a quelques-unes, c’est certain. Les investisseurs ne peuvent pas supposer que l’histoire va se répéter indéfiniment. Les rendements des obligations d’État ou les taux d’intérêt resteront-ils bas? Continueront-ils à descendre comme on l’a vu au cours des quelque 40 dernières années? Aucun argument solide ne fait pencher la balance d’un côté plutôt que de l’autre. Les taux pourraient aussi bien demeurer faibles ou, au contraire, grimper. Ils pourraient même monter en flèche à l’occasion, comme ils l’ont fait cette année.
Les investisseurs doivent comprendre qu’une variation très importante pourrait survenir même si ça n’a pas été le cas dans les périodes précédentes. Comme la composition du marché a changé, on doit être en mesure de mieux gérer le risque de crédit. On doit bien connaître et analyser les entreprises, puis les surveiller pour savoir si leur solvabilité s’améliore ou se détériore. On doit pouvoir saisir les occasions ou se tenir à l’écart d’une société quand on pense que les choses s’aggravent et deviennent incontrôlables.
À mon avis, il est nécessaire de comprendre qu’un risque accru signifie plus de responsabilités. Il faut aussi comprendre la relation traditionnelle entre les actions et les obligations et savoir qu’elle pourrait changer. En général, quand les actions et leurs évaluations progressent, les évaluations des obligations déclinent. On voit aussi le contraire : quand les actions chutent, les obligations grimpent. Cette relation inverse s’est maintenue en tout temps ou presque au fil des décennies.
Le volet à revenu fixe d’un portefeuille pourrait se comporter différemment dans l’avenir, ce qui aurait des effets importants. Dans le cas d’un portefeuille équilibré traditionnel, qui comporte habituellement 60 % d’actions et 40 % d’obligations, on s’attendrait à ce que les actions offrent des occasions de croissance à plus long terme et les obligations, une certaine protection contre les risques de pertes en périodes de turbulences des marchés. Est-ce encore logique de nos jours?
Les rendements des obligations d’État sont très bas et les obligations affichent une corrélation négative avec les actions. Est-ce que ça va continuer comme ça? Ce n’est pas si facile ni si évident à dire. Je ne pense pas que la relation entre les actions et les obligations restera comme avant. Les investisseurs doivent en être conscients. Les options qui s’offrent à eux sont plus nombreuses, et encore plus complexes du côté des titres à revenu fixe, surtout quand on veut les combiner avec des actions.
Mark Brisley : Certains de nos auditeurs détiennent déjà des titres à revenu fixe et d’autres songent probablement à en inclure dans leur portefeuille dans un avenir plus ou moins rapproché. Doivent-ils changer leur fusil d’épaule? Quels facteurs doivent-ils considérer? Je suppose ici qu’ils vont recourir à un conseiller financier qualifié, parce que ce n’est pas facile de s’y retrouver et de faire tout le travail soi-même.
Domenic Bellissimo : Les investisseurs devront absolument élargir leurs horizons. Par le passé, les placements à revenu fixe apportaient une certaine stabilité. Ils servaient de bouée de sauvetage pendant les périodes de turbulences. Ils fournissent bel et bien un flux stable de revenus. Ils offrent aussi une bonne protection quand les actifs risqués piquent du nez, mais aujourd’hui, les investisseurs ont plus de choix, pas seulement du point de vue de la stabilité, mais aussi des occasions qui s’offrent du côté des titres liés au crédit et des placements spécialisés.
Mark Brisley : Attardons-nous sur ce sujet un peu plus. Vous avez parlé de stabilité, d’obligations comportant un risque de crédit et de placements spécialisés. Pouvez-vous nous en dire plus?
Domenic Bellissimo : Bien sûr. Il convient de souligner que c’est complexe et que ce domaine a pris de l’ampleur. Dans le cas de la stabilité, nous mettons vraiment l’accent sur la manière dont les titres à revenu fixe ont été considérés de façon plus traditionnelle par le passé, comme des positions acheteur. Dans un portefeuille obligataire, une part est consacrée aux obligations gouvernementales, et une autre, aux émissions de sociétés. Auparavant, on s’en remettait beaucoup à la gestion du risque de taux d’intérêt pour se protéger contre le risque de perte. Il y a donc lieu de se demander comment répartir l’actif entre les obligations d’État et de sociétés.
La stabilité fournit une protection quand les marchés reculent et un certain revenu, voire un certain ratio de capture à la hausse lorsque les rendements diminuent. Au fil du temps et depuis environ dix ans, les occasions se sont multipliées du côté des obligations de sociétés et des placements spécialisés au sein des marchés à revenu fixe. En ce qui concerne les émissions de sociétés, leur univers a pris de l’ampleur au Canada, aux États-Unis et dans le monde.
Par conséquent, il y a plus de fonds axés sur les obligations de sociétés qui comportent uniquement des positions acheteur. Il faudrait toutefois que ces mandats mettent l’accent sur la gestion du risque de crédit et tentent de générer des revenus additionnels ainsi que des gains en capital potentiels. Par exemple, ils pourraient privilégier différents marchés, comme ceux des titres de qualité ou à haut rendement, ou les deux, au Canada, ou encore, aux États-Unis et même dans le monde entier à des fins de diversification géographique.
Selon moi, la prolifération des obligations de sociétés a entraîné des occasions qui procurent maintenant aux investisseurs des options qui n’étaient pas à leur disposition il y a à peine dix ans. Dans le même ordre d’idées, le nombre de placements spécialisés ou alternatifs a également augmenté ces dernières années. Par actifs spécialisés, on entend plusieurs choses. D’abord, il peut s’agir d’une catégorie d’actif. Est-on en présence d’un placement à revenu fixe spécialisé, comme des titres de créance privés, qui ne doivent pas être confondus avec ceux du marché public, dont nous avons parlé. Ensuite, il peut être question de stratégies d’investissement permises au sein du fonds ou d’instruments de placement. Ces stratégies diffèrent considérablement des mandats plus traditionnels misant seulement sur les positions acheteur, par exemple.
Il peut y avoir différentes variantes; par exemple, l’utilisation de l’effet de levier pour rehausser les rendements ou des stratégies de négociation uniques, comme la vente à découvert d’obligations dans le but de se protéger contre les pertes pendant les replis ou de tirer parti aussi des hausses.
Mark Brisley : Les investisseurs boursiers ont beaucoup entendu parler des placements spécialisés et du fait que ceux-ci ont vraiment commencé à devenir une troisième catégorie d’actif, compte tenu des défis que comporte le portefeuille 60‑40. En va-t-il de même pour les titres à revenu fixe?
Domenic Bellissimo : Absolument. Vu l’essor des actifs spécialisés ces dix dernières années, les investisseurs devraient, selon moi, les considérer comme un ajout légitime aux placements à revenu fixe dans leur portefeuille. Cela s’avère tout à fait judicieux de les envisager.
Mark Brisley : Comme certaines de ces nouvelles stratégies et solutions spécialisées sont maintenant mieux connues, notamment les obligations comportant un risque de crédit, les placements spécialisés et les produits de protection, comment un investisseur doit-il envisager la répartition de son volet à revenu fixe dans ces produits?
Domenic Bellissimo : Il y a quelques éléments à prendre en considération. D’abord, je crois fermement qu’il s’avère toujours judicieux d’obtenir de bons conseils, comme le souligne depuis toujours Fonds Dynamique. Les investisseurs d’aujourd’hui doivent comprendre qu’il y a plus d’options à leur disposition. Nous avons parlé de stabilité, d’obligations de sociétés et de placements spécialisés. Il s’agit d’un excellent point de départ quand on discute avec son conseiller et d’une occasion de comprendre les options qui sont disponibles et qui conviennent à sa situation. Évidemment, ces options varient en fonction de l’étape de la vie, de la tolérance au risque et ainsi de suite.
Ensuite, la gestion active revêt une importance cruciale. Comme nous l’avons déjà mentionné, les marchés à revenu fixe sont plus risqués en ce moment. Beaucoup plus de choses s’y passent que par le passé, surtout depuis la crise financière. Les investisseurs doivent donc opter pour des gestionnaires qui sont enclins à rajuster le risque de manière réfléchie et totalement délibérée, dans le cadre d’une démarche sensée. Si on met seulement l’accent sur le repère, on ne le battra jamais. On s’expose aussi aux risques inhérents qui ont augmenté uniquement au sein de l’indice de référence. La gestion active doit primer à partir de maintenant.
Mark Brisley : Nous avons beaucoup discuté du contexte historique de l’évolution et de la transformation de cette catégorie d’actif. Croyez-le ou non, ce n’est pas tout le monde qui se lève le matin pour vérifier comment se comportent les marchés, regarder CNBC ou lire la section financière des journaux. Les manchettes récentes ont notamment fait état d’un deuxième épisode de réaction au resserrement monétaire. Pouvez-vous en parler et nous indiquer ce que cela signifie? Assisterons-nous à une situation similaire à celle de 2013?
Domenic Bellissimo : La réaction au resserrement monétaire dont vous parlez fait référence à une période dans la seconde moitié de 2013. À cette époque, Ben Bernanke, président de la Fed, avait déclaré que le grand argentier prévoyait diminuer ses achats d’actifs. Cette annonce a eu d’énormes répercussions négatives sur les marchés obligataires du monde entier ainsi que sur ceux des actifs risqués et des actions. En effet, les rendements des obligations ont beaucoup augmenté, ce qui a fait chuter leur valeur. Or, les effets ne se sont pas limités aux émissions d’État.
Cela a aussi touché les obligations de sociétés et les investisseurs, qui se sont mis à larguer à l’aveuglette leurs titres à revenu fixe, car ils craignaient que les rendements continuent à grimper à long terme. Au début de 2021, l’épisode de resserrement monétaire de 2013 a soulevé beaucoup de discussions et fait l’objet de comparaisons. On peut comprendre si on utilise les rendements des obligations des sociétés et des gouvernements et les taux d’intérêt comme principal point de référence, car ils étaient très faibles à l’époque, comme aujourd’hui.
Le monde revenant à la normale et les choses entrant dans l’ordre, on anticipe que les taux monteront. Comme les taux partent de très loin, les événements de 2013 pourraient se répéter. Il n’est pas inhabituel pour les investisseurs de regarder les périodes antérieures pour essayer de comparer. Cependant, si les choses se passent différemment, qu’est-ce qui arrivera? Voilà où réside le risque. C’est la réalité de cette année.
Plus tôt en 2021, les rendements des obligations d’État ont commencé à considérablement augmenter. On s’inquiétait alors qu’une vague de liquidations déferle sur les marchés du crédit, mais cela n’a pas eu lieu. Ces marchés ont continué à faire preuve de vigueur et de dynamisme. Les capitaux y affluent toujours de manière constante semaine après semaine, et ce, pour quelques raisons. En effet, la Fed est beaucoup plus vigilante dans ses communications avec les marchés qu’en 2013.
Le grand argentier américain a rassuré les investisseurs presque quotidiennement, en indiquant que toutes les interventions qu’il ferait prendraient beaucoup de temps à se faire sentir. Il a assuré qu’il agirait avec prudence et profité de chaque occasion pour réitérer un message soulignant sa patience.
Le prochain facteur à considérer est le soutien persistant des détenteurs d’obligations de sociétés à l’égard des marchés. Comme je l’ai déjà mentionné, les capitaux ont constamment afflué en raison du point de vue selon lequel l’économie mondiale continuera à prendre du mieux, ce qui favorise les actifs risqués, les marchés du crédit et ainsi de suite.
Il s’avère plus simple d’investir dans une obligation de société quand l’économie s’améliore au lieu de se détériorer. Or, c’est ce qui se passe aujourd’hui. Malgré leur hausse jusqu’à maintenant, les rendements des émissions d’État avoisinent encore leurs creux inégalés d’avant la pandémie. Le rendement supplémentaire généré par un titre de société s’avère considérable sur le plan relatif. C’est ce que de nombreux investisseurs recherchent. Il n’y a pas eu de deuxième épisode de resserrement monétaire. Il y a eu du délestage du côté des obligations gouvernementales, mais cela s’est limité à ce marché.
Mark Brisley : Si l’on prend en considération le soutien persistant démontré par les détenteurs d’obligations de sociétés envers le marché et le fait que vous croyez toujours que les investisseurs peuvent toucher des rendements nettement supérieurs, où entrevoyez-vous les meilleures occasions du côté des titres de sociétés? De plus, comment vos fonds sont-ils positionnés en fonction de votre point de vue et de ces occasions?
Domenic Bellissimo : Nous mettons vraiment l’accent sur une poignée de thèmes, le premier étant la réouverture des entreprises. Nous portons donc notre attention sur les sociétés œuvrant dans les secteurs les plus durement touchés par la pandémie qui rebondissent maintenant. Le secteur automobile constitue un excellent exemple. Il devrait tirer parti de facteurs favorables plus robustes et remonter le plus. Viennent ensuite les sociétés assorties d’une notation inférieure qui ont des primes de risque plus élevées et qui sont davantage en mesure d’assainir leur bilan, de se remettre sur pied et d’exercer leurs activités plus normalement.
Il pourrait, par exemple, s’agir de sociétés notées BBB. J’ai mentionné que la note BBB était la plus faible. Ce segment présente encore des occasions. Nous dénichons des sociétés qui doivent faire des emprunts, et nous leur accorderons des prêts à prix raisonnable. Selon moi, à mesure que le monde revient à la normale, ces occasions se révéleront fructueuses sur le plan des rendements.
Mark Brisley : Merci, Domenic, pour l’excellent survol que vous avez fait aujourd’hui. Comme nous l’avons mentionné au début de notre entretien, les placements à revenu fixe constituent un sujet complexe, mais une composante essentielle des portefeuilles et de leur élaboration, particulièrement pour les investisseurs qui sont à la retraite ou s’en rapprochent. Je tiens à vous remercier pour vos observations. Merci également à tous nos auditeurs. Le sujet du balado d’aujourd’hui attire généralement moins l’attention que les actions, mais il est tout aussi important. Pour en savoir plus, rendez-vous à dynamique.ca.
Comme nous l’avons déjà indiqué, nous vous encourageons à retenir les services d’un conseiller financier qualifié, qui s’assurera que vous êtes à l’aise avec votre portefeuille et le positionnement de vos titres à revenu fixe. Soyez prudents et prenez bien soin de vous. Merci encore!
Vous venez d’écouter un autre balado On the Money de Fonds Dynamique. Pour en savoir davantage sur Dynamique et sa gamme complète de fonds, communiquez avec votre conseiller financier ou visitez notre site Web à dynamique.ca.
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