PARTICIPANTS
Mark Brisley
Directeur général et chef, Fonds Dynamique
Tom Dicker
Vice-président et gestionnaire de portefeuille
PRÉSENTATION
Voix hors champ : Vous écoutez On The Money de Fonds Dynamique, une série de balados qui vous donne accès à certains des portefeuillistes les plus aguerris en gestion active ainsi qu’à des maîtres à penser dans le domaine de la finance. Lors de nos rencontres, nous posons à nos invités des questions pertinentes afin de connaître leur point de vue sur la conjoncture et de recueillir leurs conseils sur la manière de composer avec le contexte actuel.
Mark Brisley : Bienvenue à ce nouvel épisode de la série On The Money. Je suis Mark Brisley, chef de Fonds Dynamique. La pandémie a transformé notre façon de travailler, de nous divertir et même de vivre, ce qui a eu de grandes répercussions, notamment sur le secteur de l’immobilier, et laissé plusieurs questions sans réponse. La situation pourrait-elle encore s’aggraver? Quels changements seront temporaires et ceux qui seront durables?
L’économie mondiale se relève après avoir été mise K.-O. par la pandémie en mars et en avril. C’est cependant le caractère exceptionnel des mesures autres que sanitaires qui ont été instaurées dans le but d’en réduire au minimum les éventuelles conséquences qui a le plus alimenté les conversations et la spéculation, et qui a fait en sorte que les occasions dans l’immobilier se sont retrouvées au premier plan pendant la crise. Traditionnellement, l’immobilier est considéré comme un rempart contre les perturbations de l’économie, mais contrairement à la plupart des autres crises économiques, celle-ci a ébranlé certains principes bien ancrés sur lesquels ont longtemps reposés la demande et l’utilisation de divers types d’actifs immobiliers ainsi que les préférences en matière de localisation.
Je suis ravi de m’entretenir aujourd’hui avec Tom Dicker, gestionnaire de portefeuille et membre de l’équipe des actions productives de revenu à Fonds Dynamique, qui est spécialisé dans les placements en actions productives de revenu, en actions de sociétés à petite capitalisation et en titres du secteur immobilier. Tom nous aidera à analyser le secteur plus en détail, à répondre aux questions et à nous donner un aperçu de l’après-pandémie. Tom, c’est un plaisir de vous recevoir et, sans plus tarder, j’aimerais brosser un portrait de la conjoncture avant de plonger au cœur même du secteur de l’immobilier?
Nous sommes dans l’épicentre d’une autre vague de contaminations aux États-Unis, mais nous pouvons maintenant compter sur l’arrivée prochaine de candidats-vaccins qui semblent très prometteurs. J’aimerais d’abord connaître votre point de vue sur le fil probable des événements qui devraient nous permettre de retrouver un semblant de normalité.
Tom Dicker : Je suis d’accord pour dire que les choses ne seront plus comme avant. Plus la pandémie durera longtemps, plus nous nous éloignerons de la normalité telle que nous l’avons connue. Mes collaborateurs et moi avions prévu un hiver difficile marqué par la COVID. Nous y voilà et nous ne sommes pas sortis du bois. Il y a quelques semaines, j’ai lu un article dans lequel l’épidémiologiste américain Larry Brilliant était cité comme suit : « Nous traverserons l’enfer avant de vaincre la COVID ». Aucun doute, nous sommes en enfer.
Une analogie, que j’ai bien aimée et qui a été utilisée dans l’article, comparait la situation à une ascension de l’Everest. D’autres personnes, comme Anthony Fauci, ont aussi déclaré qu’il ne fallait pas baisser la garde, malgré les renforts annoncés. Je crois que la pandémie s’aggravera aux États-Unis, mais que le pire devrait être passé dans environ six semaines. La ville de Los Angeles est entrée en confinement complet la semaine dernière. D’autres décisions difficiles devront être prises chez nos voisins du sud pour garder leur système de santé à flot et éviter qu’il ne s’effondre durant l’hiver, une période où la contagion sera très élevée.
À mon avis, ils lanceront les opérations de vaccination bientôt et le Canada ne devrait pas tarder à leur emboîter le pas. Les opérations ont débuté cette semaine en Grande-Bretagne. Il s’agit d’un grand moment pour la science, qui pourrait éradiquer la pandémie plus rapidement que prévu. Aux États-Unis, on estime que 20 millions d’Américains pourraient recevoir une première dose d’ici janvier. Un chiffre impressionnant.
Je m’attends à ce que d’énormes moyens soient déployés pour encourager la population à se faire vacciner, notamment par les gouvernements, mais également par les écoles et les employeurs qui pourraient rendre la vaccination obligatoire pour le retour de leurs élèves et de leurs employés. Les pays exigeront sans doute une preuve de vaccination des voyageurs qui voudront franchir leurs frontières. La vaccination sera un élément essentiel. Le marché s’attend à une reprise de l’économie et à renouer avec une certaine normalité.
D’ici au retour des températures plus clémentes, une grande partie des Américains pourraient avoir contracté le coronavirus. Grâce à la vaccination, la pandémie pourrait être éradiquée plus vite que prévu au printemps et permettre un retour plus rapide vers une nouvelle normalité. Reste à savoir si Trump acceptera de recevoir le vaccin, ce qui pourrait inciter ses partisans à l’imiter. Comme 68 millions d’Américains ont voté pour lui, cela pourrait faire une grande différence. Je souhaite vraiment que ça se passe ainsi. Voilà comment nous voyons les prochains mois, qui seront encore marqués par une grande incertitude, mais il y a vraiment de l’espoir.
Mark : L’immobilier a fait les manchettes à plusieurs reprises et, si on le compare aux autres secteurs qui ont été les plus touchés par la COVID, on peut constater que les répercussions y ont été variables. J’aimerais d’abord parler des effets de la pandémie sur la consommation et le comportement des consommateurs. Les gens se déplacent de moins en moins en magasin. Je trouve souvent que ma maison ressemble à un entrepôt d’Amazon. Tout le monde achète en ligne. Croyez-vous que les effets qui entraînent la fermeture des commerces de vente au détail traditionnelle se feront ressentir longtemps? Un tel changement aura-t-il une incidence sur la façon dont les entreprises investiront dans la logistique et les entrepôts?
Tom : Le commerce de détail traditionnel finira par rebondir, mais il pourrait ne pas retrouver sa vigueur d’antan. Une immense vague de faillites a porté un coup dur au secteur l’an dernier, que l’on pense à Lord + Taylor, Brooks Brothers, GNC, JC Penney, Neiman Marcus ou J. Crew. Les propriétaires ont une immense superficie à combler et il ne fait aucun doute pour moi que cela prendra du temps avant qu’ils puissent trouver de nouveaux locataires.
Le confinement a également entraîné une autre difficulté au quatrième trimestre, car les commerces de détail profitent habituellement de cette période pour accroître leurs revenus. Les détaillants de vêtements et les autres commerces qui réalisent une grande part de leurs profits pendant la période des fêtes, comme les restaurants, ont besoin de cet argent au premier trimestre pour payer leurs frais fixes, qui sont bien souvent supérieurs à leur chiffre d’affaires en début d’année. En ce moment, leur capacité de payer leurs factures pourrait être compromise à divers degrés selon leur secteur d’activité ou en fonction des ventes en ligne qui peuvent les aider à compenser leurs pertes.
De toute évidence, la période s’annonce difficile pour l’immobilier de détail, mais le secteur pourrait finir par rebondir. Le commerce en ligne s’est emparé du marché et favorise les multinationales qui ont une forte présence et qui offrent une vaste gamme de produits à bas prix et livrés gratuitement. Cette situation est inquiétante pour les propriétaires. D’autre part, le secteur des services a été le plus touché par la pandémie. Les consommateurs finiront par revenir en magasin et dans les restaurants, mais le secteur prendra un certain temps à se relever. La plupart des restaurateurs qui n’ont qu’une seule adresse ont souvent mis leur maison en garantie pour obtenir un prêt. Ils sont susceptibles de tout perdre. Cela leur prendra du temps pour se refaire une santé financière, mais ils y arriveront.
Les nouvelles entreprises vont reprendre une bonne partie de la capacité du secteur de la vente au détail sans toutefois atteindre les niveaux d’avant en raison notamment des loyers moins élevés. De plus, cela prendra probablement plus de temps que lors des autres récessions. Nous ne privilégions pas vraiment le secteur à l’heure actuelle. Dans certains segments où la concurrence est forte, comme celui des vêtements, je crois que le nombre de commerces traditionnels est appelé à diminuer, en raison du nombre de consommateurs qui ont acheté en ligne pour la première fois durant la pandémie. Une fois que la glace est brisée, il est difficile de retourner en arrière. Vous n’écoutez plus votre musique sur des disques compacts depuis que vous avez Spotify, n’est-ce pas? C’est la même chose pour l’achat de vêtements.
Mark : Il s’agit de l’un des deux grands secteurs auxquels on pense le plus souvent qui repose sur notre façon de consommer, de magasiner, l’autre étant bien sûr notre façon de travailler. Je fais référence ici aux immeubles de bureaux. Les entreprises sont nombreuses à s’être dotées d’une politique de télétravail beaucoup plus souple qu’auparavant dans bien des cas. Ni vous ni moi n’échappons à cette réalité qui se répercute autant sur les bureaux que sur l’endroit où les gens s’établissent pour y vivre. Selon vous, quels seront les effets de cette tendance sur le marché des immeubles de bureau et, par conséquent, sur le marché résidentiel en milieu urbain?
Tom : Ce sujet revient constamment dans mes discussions avec les clients et mes amis, car ils se sont presque tous retrouvés en télétravail. Il est encore trop tôt pour brosser un portrait de ce à quoi la situation pourrait ressembler, mais depuis le début de la pandémie, les gens ont clairement exprimé qu’ils souhaitaient avoir la possibilité de travailler en partie de la maison une fois la pandémie passée. Une certaine fatigue commence toutefois à s’installer.
Selon les sondages réalisés en mai, les répondants déclaraient vouloir travailler trois jours par semaine de la maison. Or, on s’approche maintenant plus des deux jours par semaine en raison de la lassitude que les gens éprouvent à rester seuls chez eux. Reste à voir les effets sur la productivité et la façon dont les entreprises qui veulent accroître leur chiffre d’affaires vont s’organiser pour adopter un mode hybride ou le télétravail à temps plein. Après tout, elles ont investi beaucoup d’argent dans les technologies.
À mon avis, les loyers sont dans la mire de plusieurs directeurs financiers qui souhaitent réduire les dépenses. Certaines tendances comme la réservation de bureaux vont sans doute perdurer. Lorsque le taux d’occupation est bas en raison du télétravail, il n’est plus nécessaire d’avoir des bureaux à usage exclusif. Nous verrons bien comment la situation évoluera. Je crois que les employés qui n’auront besoin de se déplacer au bureau que deux ou trois jours par semaine tiendront compte de cet élément dans le choix de leur lieu de résidence et de l’évaluation de leur temps de déplacement. De fait, on pense que la circulation pourrait être moins dense après la pandémie, car plus de gens travailleront de la maison et recommenceront à utiliser les transports publics s’ils sentent une nette diminution des risques de transmission.
Pour l’instant, les gens préfèrent éviter les transports collectifs, mais si la situation revient à la normale, le temps de déplacement pourrait être réduit, ce qui favoriserait davantage le marché immobilier en zone suburbaine par rapport aux secteurs urbains. Une telle situation s’observe dans les loyers des logements résidentiels à New York, où la vie nocturne est beaucoup moins animée qu’avant et où les résidents travaillent tous de la maison. Les loyers y sont à un plancher des 10 dernières années. Les propriétaires offrent des congés de loyer et réduisent les mensualités, du jamais vu.
En revanche, PulteGroup, Toll Brothers et Lennar, les grands constructeurs de logements résidentiels aux États-Unis, enregistrent une croissance annualisée de plus de 50 % des ventes de résidences unifamiliales neuves. Cette hausse est attribuable à la popularité grandissante des zones en périphérie des villes et aux premiers acheteurs. Cette tendance tranche nettement avec ce qui se passe habituellement en sortie de crise. Nous verrons bien si cette tendance se poursuivra après la pandémie. Elle le devrait, mais pas de façon aussi marquée qu’au cours de la dernière année. Il ne fait aucun doute pour moi que la demande de résidences unifamiliale a été en partie devancée.
L’exode de la population avait déjà commencé avant la pandémie à New York. Nul doute que cet exode s’est accéléré depuis. Le retour au bureau pourrait freiner quelque peu le rythme l’année prochaine, mais il sera intéressant de voir si la tendance à long terme se poursuivra dans les grandes villes. Les investissements importants dans l’immobilier misent beaucoup sur les centres urbains. Peut-être que les zones périphériques auront davantage la cote au cours du prochain cycle? Cela changerait la donne.
Mark : Je ne pensais jamais dire une telle chose, mais j’ai hâte de reprendre le trajet pour me rendre au bureau.
Tom : Moi aussi, et j’ai hâte de retrouver mes collègues. C’est tout un changement par rapport au discours que je tenais à la mi-mars.
Mark : Tom, un autre de vos thèmes de placement en immobilier repose sur la situation démographique et les retraités, plus particulièrement les résidences pour personnes âgées et les centres d’hébergement et de soins de longue durée. Je ne me rappelle pas avoir vu ce secteur autant exposé au risque que pendant la pandémie, notamment lorsqu’on pense à sa clientèle vulnérable et à la couverture négative dont il a fait l’objet dans les médias. Pouvez-vous nous dire de quelle manière la pandémie a eu une incidence sur les perspectives de placement de ce secteur?
Tom : Ici, en Ontario, les centres d’hébergement et de soins de longue durée sont devenus un symbole des ravages que la pandémie a causés pendant des mois. Financés par les gouvernements provinciaux, ces centres sont aux prises depuis longtemps avec une pénurie de personnel et éprouvaient déjà d’autres problèmes qui ont été révélés au grand jour pendant la pandémie.
Une crise est toujours une bonne occasion de réfléchir et, à mon avis, le gouvernement de l’Ontario a saisi cette occasion pour améliorer le modèle de financement des centres de soins de longue durée, ce qui permettra aux résidents d’y recevoir de meilleurs soins et de rassurer les familles à cet égard.
Les investisseurs disent souvent que la démographie dicte l’avenir. Le vieillissement de la population est une tendance qui se poursuivra. En 2026, les premiers baby-boomers célébreront leur 80e anniversaire. Cette tranche de la population sera bientôt en forte croissance ce qui aura pour effet de faire grimper la demande dans les centres d’hébergement et de soins de longue durée. Au Canada, le secteur avait prévu le coup avant même la pandémie et l’offre dépassait quelque peu la demande. Les mises en chantier ont depuis grandement ralenti et ce rythme devrait se maintenir encore quelques années en raison des taux d’occupation qui sont très bas.
À mon avis, il est évident que le secteur de l’immobilier présente un important levier d’exploitation. Toute hausse du taux d’occupation fait augmenter de façon disproportionnée les flux de trésorerie disponibles et les bénéfices distribuables. Je crois que la demande finira par dépasser l’offre dans quelques années et que ce déséquilibre persistera pendant plusieurs années. C’est pourquoi les actifs comportent une grande valeur à l’heure actuelle.
Au Canada, les propriétés sont exploitées par des professionnels dévoués et bienveillants que nous connaissons. Nous sommes fiers d’être actionnaires de longue date dans un secteur qui, à notre avis, répond à des besoins essentiels en raison des changements démographiques. Personne ne décide un beau matin qu’il souhaite désormais vivre dans un centre d’hébergement et de soins de longue durée. La décision est prise à partir du moment où il n’est plus possible de recevoir les soins à la maison. Notre thèse de placement repose en grande partie sur cette prémisse.
Mark : Selon ce que vous nous dites, la qualité de la gestion de ces entreprises et de leur suivi les a aidées à gérer la pandémie. La résidence où habite ma grand-mère de 96 ans n’a recensé aucune éclosion, mais cela n’a pas suffi à dissiper les inquiétudes. Cela m’amène à vous demander quels sont les autres actifs immobiliers qui ont selon vous souffert des craintes injustifiées dans le secteur.
Tom : Il y a quelques mois, je vous aurais certainement répondu les actifs du secteur de la santé, c’est-à-dire les résidences pour personnes âgées et les centres d’hébergement et de soins de longue durée. C’était le segment à l’égard duquel le pessimisme exagéré était le plus omniprésent en raison de la grande demande anticipée, mais les choses se sont améliorées depuis grâce aux vaccins. Les cours se sont nettement redressés et, bien que les actions reflètent encore un certain pessimisme, elles ne sont plus autant sous-évaluées.
Les logements situés dans les villes côtières, aux États-Unis et probablement au Canada sont sans doute les actifs qui inspirent la plus grande méfiance pour des raisons injustifiées. Je crois qu’il pourrait y avoir un certain déplacement de la population vers les banlieues, surtout au Canada, mais ce déplacement ne serait pas seulement attribuable aux forces du marché. Depuis plusieurs années, il est difficile de construire des résidences unifamiliales, notamment à Toronto en raison de la Loi sur les zones de croissance et de la ceinture de verdure qui entoure la ville. C’est difficile également dans une ville comme Vancouver qui est bordée par la mer et les montagnes. Il y a des limites à l’étalement urbain.
L’offre d’unifamiliales sera limitée dans ces marchés et on peut s’attendre à ce que le Canada et les États-Unis ouvrent grandes leurs portes à l’immigration une fois la pandémie passée. Nul doute qu’il s’agit d’une des stratégies sur laquelle le Canada misera pour alimenter son prochain cycle économique. Le gouvernement Trudeau a clairement annoncé son intention de hausser les seuils d’immigration pour accueillir plus de 400 000 personnes par année, un nombre élevé en proportion de la population du Canada qui compte environ 38 millions d’habitants. Les immeubles résidentiels ont fait l’objet de ventes massives. La législation visant à encadrer les loyers a été resserrée en Ontario et à l’est du pays, ce qui est une source de préoccupation à court terme. Les perspectives pour ces actifs sont toutefois excellentes à long terme.
Les taux de capitalisation ou les taux de rendement de ces actifs ont reculé en raison de la hausse des prix au cours des derniers mois, hausse qui est attribuable à la faiblesse des taux obligataires. Le financement est vraiment bon marché. De plus, les entreprises et les particuliers fortunés ont de l’argent pour mettre la main sur des immeubles résidentiels au Canada. Ces actifs se négocieront à des prix inférieurs à ceux qu’ils présentaient avant la COVID. On s’attend à ce que les difficultés d’exploitation durent peut-être encore une autre année, en particulier en ce qui a trait au taux d’occupation. Lorsque le marché de l’emploi se sera redressé, on s’attend à ce que la croissance des loyers retrouve sa vigueur d’avant la pandémie.
Mark : Les investissements privés sont une thématique présente depuis longtemps dans le secteur de l’immobilier. Tom, pourriez-vous nous expliquer pourquoi et nous dire si les investisseurs privés ont jeté leur dévolu sur d’autres types d’actifs en 2020?
Tom : Oui, les investisseurs privés détiennent des actifs immobiliers depuis longtemps. Nous avons toutefois constaté que la baisse des taux obligataires a poussé les investisseurs institutionnels à délaisser les titres à revenu fixe et à investir davantage dans l’immobilier, qui leur procure des taux de rendement et un rendement total plus élevés afin d’atteindre leurs cibles.
Comme les caisses de retraite de taille moyenne, voire les très grandes caisses de retraite ou les fonds d’investissement souverains qui n’ont pas la même capacité, nous nous tournons vers les sociétés de financement qui investiront les fonds et permettront d’obtenir les rendements nécessaires pour atteindre des cibles de 5 %, 6 % ou 7 %.
Il était possible auparavant d’obtenir des rendements de cet ordre sur le marché obligataire, mais les titres du Trésor américain à 10 ans offrent à l’heure actuelle un rendement inférieur à 1 %. Les obligations de sociétés peuvent offrir 100, 200, peut-être 300 points de base de plus. Vous devrez donc vous tourner vers des actifs qui vont générer des rendements de plus de 10 % pour atteindre votre cible de rendement de 6 ou 7 %. C’est là que les placements privés entrent en jeu. Le capital-investissement a pris un véritable essor dans l’immobilier au cours du dernier cycle. Selon de récentes études réalisées par Preqin, la croissance des placements privés et de l’immobilier est appelée à ralentir un peu. Cela s’explique par la perte de vitesse attendue des deux principales catégories de placement privé dans le secteur de l’immobilier : les immeubles de bureaux et les commerces de détail. Sans faire du surplace, leur croissance sera certainement moins vigoureuse qu’avant à cause des obstacles à surmonter.
Cette année, les opérations de placement privé ont fondu de plus de la moitié sur 12 mois, notamment parce que le processus de diligence raisonnable est devenu très complexe. De fait, il est impossible de se déplacer pour évaluer les actifs en raison des restrictions de voyage, surtout à l’extérieur du pays. Les opérations ont été conclues entre des parties qui sont établies dans le même pays, qui présentent une solide plateforme et qui ont la possibilité d’expédier leur processus de diligence raisonnable. Les investisseurs disposent de grandes sommes à investir.
La valeur des fonds de placement privés dans l’immobilier commercial en Amérique du Nord s’élève à environ 150 milliards de dollars, tandis que leur actif sous gestion se chiffre à 416 milliards de dollars, ce qui en fait un grand marché. Même si l’on s’attend à un ralentissement de la croissance, l’investissement privé demeure un incontournable et est susceptible d’avaler au cours des 12 prochains mois des sociétés cotées en bourse si le marché demeure sous-évalué comme il l’est à l’heure actuelle. Dans certains segments, les titres des sociétés publiques se négocient à des valeurs nettement moins intéressantes que ceux du marché privé. La situation ne peut durer compte tenu des sommes colossales prêtes à être investies.
Les Blackstone et Brookfield de ce monde vont entraîner ces entreprises dans le giron des placements privés afin d’investir les capitaux pour le compte de leurs partenaires institutionnels, des fonds d’investissement souverains et autres, comme le Régime de pensions du Canada.
Mark : Nous craignons encore les conséquences plus graves d’une deuxième vague, dans laquelle nous nous retrouvons déjà selon certaines personnes, d’un nouveau confinement à grande échelle et de la réaction des marchés. En revanche, nous en savons maintenant beaucoup plus sur le virus et ses effets. Comment les marchés réagiraient-ils selon vous à un nouveau confinement généralisé?
Tom : Il est rare que le marché réagisse deux fois de la même façon. Souvenons-nous que le président désigné, Joe Biden, a fait de la lutte contre la COVID son cheval de bataille. Il a évoqué l’obligation de porter le masque durant 100 jours au lieu d’un confinement national, une mesure qui ne peut toutefois pas être exclue. Difficile d’annoncer un confinement deux mois à l’avance, mais cette éventualité semble peu probable aux États-Unis. Peut-être un peu plus au Canada ou en Ontario, mais la probabilité demeure faible.
Je le répète, le marché réagit rarement de la même façon. Si une telle situation devait se produire, tout le monde saurait que ce serait pour une courte période en attendant les renforts. Le marché en ferait peu de cas. On ne peut cependant exclure la possibilité d’une correction, même importante, qui pourrait dépasser les 10 %. Les évaluations ne sont pas très basses à l’heure actuelle. Cela ne change pas vraiment la donne dans le secteur de l’immobilier, car les évaluations sont nettement inférieures, mais des effets pourraient y être ressentis.
L’économie pourrait ralentir au cours des prochains mois en raison de la diminution des déplacements, comme on peut le constater en observant les données de Google sur la mobilité. Je crois que le marché s’attend à de nouvelles mesures de relance des gouvernements aux États-Unis et au Canada, à un redressement de l’économie et à une croissance rapide à mesure que les vaccins sont distribués.
À mon avis, la plus grande menace au cours des six prochains mois est la désinformation sur la sécurité et l’efficacité des vaccins, qui est susceptible de ralentir les opérations de vaccination. Inévitablement, les gens vaccinés reprendront leurs activités, ce qui entraînera une hausse des décès. Malheureusement, certaines personnes prétendront que ces décès sont attribuables à la vaccination.
Ma plus grande crainte est certainement que les informations véhiculées par quelques médias évoquant de possibles effets indésirables des vaccins ralentissent les opérations et rendent les gens hésitants à se faire vacciner. Une telle situation risque d’irriter le marché.
Mark : Les choses se sont tout de même améliorées, ne serait-ce qu’au cours des quatre derniers mois. Rappelons-nous que les vaccins n’étaient alors même pas sur le radar. C’est incroyable la vitesse à laquelle la situation a évolué.
Tom : En effet, sans oublier l’efficacité des traitements au moyen d’anticorps comme le Regeneron de Lilly. S’il devient possible de traiter la maladie au moyen de cocktails d’antibiotiques, on réduit du même coup le temps d’hospitalisation et le risque de décès. Les perspectives sont plus encourageantes également sur ce front. Le marché fonde toutefois tous ses espoirs sur le vaccin.
Mark : Notre discussion sur l’immobilier est très éclairante et nous rassure grâce à votre optimisme et aux occasions de placement dont vous nous avez parlé. Vous nous avez dit que vos collègues et vos conversations autour de la machine à café vous manquaient. Pour ma part, nos discussions m’ont manqué, notamment sur nos lectures. Comme nous approchons à grands pas du temps des fêtes, auriez-vous une ou deux suggestions de lecture à nous faire en terminant pour cette période?
Tom : The Ride of a Lifetime de Rob Iger, ancien chef de la direction de Disney. Son autobiographie est passionnante et très intéressante du point de vue des affaires. Mon livre préféré sur l’économie, probablement le seul que je recommanderai, car je ne lis pas tant de livres sur le sujet, puisque je les trouve souvent ennuyeux, est The Deficit Myth par Stephanie Kelton. Vous n’avez pas à endosser son point de vue, mais ses opinions sur la théorie monétaire moderne font beaucoup de vagues à l’heure actuelle. Toute personne intéressée par la finance et les placements devrait comprendre ces concepts, qui sont expliqués dans un langage simple par Stephanie Kelton. J’ai bien aimé ce livre.
L’un de mes livres préférés jusqu’ici cette année, et qui n’a rien à voir avec les placements et l’économie, s’intitule The Body par Bill Bryson, un excellent auteur. Je savais qu’il s’y connaissait bien au sujet de la science et du corps, mais son livre n’a cessé de m’étonner. C’est vraiment une lecture fantastique que je vous recommande et qui s’offre très bien en cadeau.
Mark : Excellentes recommandations, Tom, et très heureux d’avoir eu l’occasion de discuter avec vous. Merci beaucoup d’avoir été parmi nous. Je vous offre mes meilleurs vœux pour le temps des fêtes.
Tom : C’est moi qui vous remercie, Mark.
Mark : Je vous remercie, Tom, d’avoir accepté notre invitation et je remercie tous nos auditeurs d’avoir été des nôtres. Pour en savoir plus sur un sujet abordé dans ce balado ou sur Fonds Dynamique, visitez-nous à dynamique.ca. Nous tenons à souligner que vous devriez consulter un conseiller financier qualifié si vous avez des questions à propos des sujets abordés ou des placements en général. Nous vous remercions de votre présence. Vous venez d’écouter un autre balado On the Money de Fonds Dynamique. Pour en savoir davantage sur Dynamique et sa gamme complète de fonds, communiquez avec votre conseiller financier ou visitez notre site Web à dynamique.ca.
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